Cher M. Croteau,

Les initiatives que vous avez prises pour améliorer la qualité de vie des résidants de Rosemont-La-Petite-Patrie ont généralement porté leurs fruits. Je m'inquiète par contre de la récente décision de votre arrondissement de différencier les coûts de vignette de stationnement entre les voitures hybrides, électriques et celles à moteur à combustion interne. Il appert évident que cette mesure sera inefficace, injuste et contreproductive.

D'abord, inefficace. Le rabais de 28$ sur la vignette de stationnement offert aux propriétaires de voiture hybride (57$ pour une électrique) n'offre que très peu d'incitatifs à choisir ce type de véhicule. Une hybride coûte en moyenne 5000$ de plus à l'achat qu'une voiture traditionnelle comparable. Cela équivaut à 178 ans de rabais de vignette. Même en prenant en compte les économies d'essence et d'entretien, le coût supérieur de l'hybride reste en moyenne de 1500$, ce qui équivaut à 53 ans de rabais sur une vignette de stationnement. Un tel retour sur l'investissement ne convaincra personne de changer de type de véhicule.

En outre, une voiture stationnée, profitant de sa vignette, n'émet pas de gaz à effet de serre. En appliquant un traitement différentiel à une activité qui ne génère pas de pollution, on ne cible pas le bon comportement. C'est la conduite qui amène les émissions, pas le stationnement. Pire, cette politique pourrait faire augmenter les émissions polluantes en décourageant l'achat de vignettes et en augmentant les kilomètres parcourus pour trouver une place sans vignette.

Ensuite, injuste. La tarification proposée des vignettes ne distingue que trois groupes: les hybrides, les électriques et les autres voitures. Ces trois groupes sont très hétéroclites. Dans plusieurs cas, des hybrides peuvent consommer davantage qu'une voiture conventionnelle. À Rosemont, le propriétaire d'une Porsche Cayenne hybride, qui consomme en ville 10,4 L/100 km, pourra payer sa vignette de stationnement 28$ de moins que le résidant conduisant une Toyota Yaris (6,6 L/100 km en ville).

De plus, la hausse du coût des vignettes affectera de façon disproportionnée les locataires, qui résident habituellement aux étages supérieurs et ne peuvent pas profiter de places de stationnement accessibles en ruelle et communes pour les propriétaires dans l'arrondissement. On fait donc porter le fardeau d'une mesure inefficace sur les conducteurs moins fortunés.

Finalement, contreproductive. Le peu de mérite de cette décision laisse à penser qu'elle est principalement cosmétique. L'arrondissement cherche-t-il à se donner un vernis plus vert? Cherche-t-il à faire mieux passer une hausse importante de tarifs? Dans tous les cas, il faudrait faire attention de ne pas dilapider le capital de support aux mesures environnementales en abusant de pareilles politiques, inefficaces et injustes.