Dans sa chronique du 2 juin («La mauvaise idée de Legault»), le chroniqueur Alain Dubuc fait une mauvaise lecture des effets des mesures que la Coalition avenir Québec (CAQ) propose.

Il y a heureusement au Québec un certain consensus sur la nécessité de redresser nos finances publiques, et je sais que M. Dubuc en fait partie. La CAQ a d'ailleurs déposé en campagne électorale un plan précis pour reprendre le contrôle de nos dépenses publiques. Mais nous avons aussi insisté sur l'importance de miser sur la relance de l'économie pour atteindre cet objectif, notamment en réduisant le fardeau fiscal des contribuables. Le contrôle rigoureux des dépenses publiques et la relance de l'économie sont indissociables, à notre avis, si nous voulons réussir à mettre fin au déclin économique du Québec et préserver nos programmes sociaux.

Les Québécois sont inquiets, et avec raison. Leur gouvernement leur dit qu'il leur faudra faire un effort supplémentaire, mais ils comprennent très bien qu'ils risquent, encore, d'être les seuls à faire des efforts en subissant une nouvelle hausse de leur fardeau fiscal. Les Québécois ont besoin d'un signal, d'un peu d'espoir. L'économie du Québec, elle, a besoin d'un peu d'air.

Je demande donc au gouvernement de faire un choix courageux: celui de miser sur le contribuable. Le gouvernement pourrait hausser leur pouvoir d'achat en abolissant dans son premier budget la taxe santé pour les citoyens gagnant 45 000$ et moins et en limitant la hausse des tarifs d'électricité au taux d'inflation. Ce sont en moyenne près de 450$ qu'il pourrait ainsi redonner à des milliers de familles.

Ça peut paraître «modeste» pour M. Dubuc et il peut penser que «ça ne changerait pas la vie des gens». Mais il s'agit ici de commencer à inverser la tendance lourde des dernières années, au cours de laquelle le contribuable a vu ses taxes et ses tarifs augmenter plus rapidement que ses revenus.

En rejetant du revers de la main une baisse du fardeau fiscal, M. Dubuc, tout comme le premier ministre, oublie que la consommation des ménages québécois représente près de 60% de l'économie québécoise. Lorsque l'on hausse le pouvoir d'achat des Québécois de la classe moyenne, c'est donc l'économie entière et même les finances publiques qui respirent mieux. D'ailleurs, on évalue à 450 millions, en rentrées fiscales pour le gouvernement, chaque point de pourcentage supplémentaire de la croissance de la consommation des ménages.

Pendant longtemps, le gouvernement a misé sur les dépenses en immobilisations pour stimuler l'économie. Nous croyons que nous avons atteint la limite de cette approche et qu'il est temps de changer de stratégie. Est-il nécessaire de rappeler au chroniqueur de La Presse que le Québec a la dette brute la plus élevée au Canada, des revenus par ménages qui stagnent et une croissance économique parmi les plus basses en Amérique du Nord?

Populiste, selon M. Dubuc? Je lui répliquerai qu'il s'agit d'une réalité factuelle et qu'il n'y a rien de plus simpliste que de toujours se tourner vers des dépenses accrues en immobilisations - et donc sur la dette - pour stimuler la croissance économique. Il fait une mauvaise lecture des conséquences d'un fardeau fiscal aussi élevé sur la relance de notre économie et même sur les finances du Québec.

Il nous faut une approche équilibrée: un contrôle responsable des dépenses et une baisse du fardeau fiscal des Québécois. Voilà concrètement des éléments clés pour mettre fin au déclin tranquille du Québec. Nous nous distinguons ainsi des libéraux, non pas par nécessité politique, comme le laisse entendre M. Dubuc, mais par nécessité économique.