Nous souhaitons exprimer des préoccupations importantes face au sort réservé par le gouvernement fédéral à Radio-Canada. Encore une fois, Ottawa a manqué une occasion de prendre acte de la spécificité du Québec.

À la suite des coupes récentes annoncées par la direction générale de la Société Radio-Canada (SRC), le gouvernement de Philippe Couillard, par l'intermédiaire de son ministre responsable des affaires intergouvernementales, Jean-Marc Fournier, s'est déclaré inquiet pour les francophones hors Québec. Comme nous le savons, ces coupes à la SRC sont elles-mêmes causées par des compressions budgétaires imposées par le gouvernement fédéral.

Vecteur de l'affirmation des francophones

Bien que nous partagions l'inquiétude du ministre Fournier pour les francophones hors Québec, nous nous inquiétons aussi pour les francophones du Québec. Ces compressions budgétaires minent les fondements de Radio-Canada, une institution qui exerce un rôle important pour le maintien et le développement de notre industrie culturelle québécoise. De même, Radio-Canada est un acteur fondamental pour une saine et rigoureuse information de la population.

Depuis sa création en 1936 et son déploiement audiovisuel en 1952, est-ce utile de mentionner que cette institution fut un vecteur puissant de l'affirmation des francophones et un des principaux véhicules de diffusion de notre distinction culturelle au sein du Canada? Est-ce utile de nous souvenir de l'émission Point de mire mettant en valeur les grands talents de vulgarisation de René Lévesque? Des Beaux Dimanches, animé par cet amoureux de la langue française qu'était le regretté Henri Bergeron ou encore, comme l'ont mentionné de nombreux experts, du rôle déterminant que joue Enquête pour débusquer les fraudeurs et mettre à jour des actes illégaux?

Variété et diversité

Qui plus est, en plus d'offrir une information locale, régionale et nationale de grande qualité, la SRC est le télédiffuseur qui offre aux citoyens québécois la plus grande variété et diversité d'information internationale. L'information n'est pas une simple marchandise, mais l'un des piliers névralgiques de notre société démocratique. C'est pourquoi la réduction de l'offre de nouvelles à la SRC constitue un recul pour le Québec.

Si le gouvernement de Stephen Harper veut donner de la substance à son affirmation que le Québec est une société distincte, il se doit de protéger la capacité de Radio-Canada à contribuer à l'essor de notre culture et à la viabilité de ses artisans. Nous ne pouvons tolérer que le succès de la télévision publique francophone subventionne la CBC, dont les cotes d'écoute sont faméliques.

Au-delà de toute affiliation politique, tous les Québécois devraient s'insurger devant cette tentative de réduire la capacité de Radio-Canada à contribuer pleinement à notre culture et à l'information des francophones.