Vous vous rappelez cette belle polémique? Mme Marois signe un chèque de 750 000$ en pleine crise financière pour restaurer un shack situé dans un village éloigné de 250 personnes. Alors que des viaducs s'écroulent en ville, alors que les gens n'arrêtent pas de mourir dans les hôpitaux, elle ne trouve rien de mieux que de dépenser l'argent public sur des vieilles bâtisses situées dans un trou perdu du Québec.

Finalement, il n'en sera rien. Fiou. On récupère les 750 000$, et on s'occupe des «vraies affaires»...

Ce qui précède est ironique. Mais c'est à peu de choses près ce qu'on a pu lire et entendre pendant les semaines (et même les mois) qui ont suivi l'annonce gouvernementale d'une aide pour la restauration du site patrimonial de Gilles Vigneault, à Natashquan. Aujourd'hui, la Fondation Gilles Vigneault, promoteur du projet, renonce, jugeant trop compliqué et trop coûteux de faire de la restauration patrimoniale en région éloignée. Mais elle renonce aussi à cause de toutes les critiques et la manière dont le sujet a été traité dans les médias. Voici donc quelques précisions sur ce projet qui ne verra pas le jour.

- Le projet de mise en valeur de l'Allée des Galets comprenait le site patrimonial Gilles Vigneault (2 maisons, 2 dépendances) et le site historique des Galets (12 bâtiments - restaurés en grande partie depuis).

- La maison natale de Gilles Vigneault n'est pas sa maison actuelle, mais bien la propriété de la Fondation qui porte son nom.

- L'argent n'allait pas de la poche de Pauline Marois à celle de Gilles Vigneault au moyen de nos impôts. Il provenait pour 450 000$ du Fonds du patrimoine culturel du ministère de la Culture et pour 300 000$ d'un fonds du ministère du Tourisme dédié au développement touristique au nord du 49e parallèle. Ces dollars étaient donc investis dans un projet de mise en valeur touristique du patrimoine, et non dans la Santé. Logique.

- On ne rénovait pas une maison; on créait un parcours touristique d'envergure. D'ailleurs, 750 000$, ce n'était pas beaucoup pour un tel projet. Vous savez quoi? Ce n'était pas assez.

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La maison natale de Gilles Vigneault et celle de Claude Vigneault sont des témoignages uniques de la vie sur la Côte-Nord à la fin du XIXe siècle. Elles ont une grande valeur architecturale. Malheureusement, elles sont dans un état avancé de dégradation.

Le dernier site patrimonial intouché du village va donc disparaître. Une fois de plus, «je me souviens»... pas.

Mais parlons des «vraies affaires», au-delà du beau symbole que représentait ce projet pour le village: le site Gilles Vigneault, c'était des jobs pour Natashquan, c'était du développement économique et touristique. C'était important pour nous.

Chaque année, de nouveaux pans de notre petite communauté disparaissent. Le patrimoine, les commerces, l'industrie de la pêche, la santé...

La santé? Il y a quatre ans, «on» voulait couper notre infirmière, notre seule infirmière. Tout le village de Natashquan est monté au Havre-Saint-Pierre, à 150 km, pour manifester. Gilles Vigneault était venu se battre avec nous.

Si on ne restaure pas son shack, peut-on au moins mettre l'argent dans notre dispensaire?