Le 7 avril, les électeurs québécois ont donné un mandat majoritaire au Parti libéral. Le nouveau gouvernement qui sera bientôt formé par le premier ministre Philippe Couillard a quatre années devant lui pour insuffler au Québec l'élan qui lui permettra de mettre l'économie sur la voie de la prospérité tout en maintenant le cap sur la lutte aux changements climatiques, deux thèmes qui ont été la marque de commerce du Québec depuis une décennie.

D'entrée de jeu, il y a plusieurs bonnes nouvelles pour le premier ministre. D'abord, il n'a pas à choisir entre l'économie et l'environnement; les inventaires d'émissions du gouvernement fédéral rendus publics récemment nous révèlent qu'alors que le PIB du Québec a augmenté de 48% depuis 1990, nous avons réussi à atteindre les objectifs que l'Assemblée nationale avait adoptés, à l'unanimité, de réduire de 6% les émissions de Gaz à effet de serre (GES) sous les niveaux de 1990.

Un nombre croissant d'institutions internationales dont la Banque mondiale, le Fonds monétaire international ou encore le Sommet économique de Davos ont récemment souligné le fait que la lutte aux changements climatiques devait être LA priorité de la communauté internationale.

Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) démontre également dans son rapport que l'atteinte d'objectifs de réduction de GES ambitieux peut se faire sans impacts négatifs sur l'économie.

Le premier ministre Philippe Couillard peut s'inscrire dans la continuité des réalisations de sa formation politique au cours de la dernière décennie, qui ont été maintenues ou bonifiées par le gouvernement sortant. Sous la direction libérale précédente, le Québec a jeté les bases d'une économie plus verte, autour de quelques grandes politiques publiques:

- La création de la première redevance sur les hydrocarbures en Amérique du Nord, dont les deux tiers du financement ont été alloués à l'amélioration des services de transport collectif, ce qui a permis d'en accroître de 11% l'achalandage.

- Le lancement des premiers efforts en matière d'électrification des transports.

- La création d'un marché du carbone qui a fait du Québec et de la Californie des leaders de la lutte aux changements climatiques en Amérique du Nord.

Nous gagnerions tous aussi, à court terme, à ce qu'il envoie les bons signaux. À cet égard, on doit saluer les engagements du PLQ pris durant la campagne électorale de maintenir le cap sur la mise en oeuvre du marché du carbone tel que planifié, de réunir dans les 100 premiers jours du gouvernement un comité consultatif sur les changements climatiques, d'adopter un nouveau plan d'action sur les changements climatiques et de rendre le Fonds vert plus transparent.

En septembre prochain, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, tiendra à New York un sommet des chefs d'États et de gouvernements sur la question des changements climatiques. Par le passé, le Québec a toujours joué un rôle de leader dans ces évènements, notamment à travers les États fédérés. Nous sommes d'avis que Québec gagnerait à poursuivre dans cette voie.

L'atteinte des objectifs de réduction des émissions de GES du Québec pour 2020 se jouera d'ici la fin de l'année avec les décisions que le nouveau gouvernement prendra sur le marché du carbone, le plan d'action sur les changements climatiques et le Fonds vert. À cet égard, nous pouvons espérer que le consensus non partisan qui existe au Québec sur cette question permettra au premier ministre d'aller de l'avant de manière décisive. Il pourra trouver en nous des alliés pour accélérer le passage à une économie mariant prospérité économique et protection de l'environnement.