Depuis la proposition de Charte des valeurs, il m'a semblé que tout le discours politique québécois portait sur des sujets tout aussi «futiles» que le choix de la valse à jouer sur le pont du Titanic le soir de son naufrage.

Doit-on limoger une infirmière qui refuserait d'enlever son voile? Doit-on avoir peur de l'expression démocratique d'un peuple lors d'un référendum? Oui, je dis que tout cela est futile! Non pas futile pour le quotidien de plusieurs d'entre nous, mais futile pour nous éclairer sur le choix d'un gouvernement responsable de ce que nous laisserons comme véritable héritage à nos enfants.

Quand le Fonds monétaire international (FMI), organisation au coeur du développement capitaliste de la planète, pose la question de l'écart entre les plus riches et le monde ordinaire et propose de s'y attaquer pour le réduire; quand il remet en question la taille démesurée des banques et les considère comme un danger pour la stabilité économique et politique de la planète; quand le Groupe intergouvernemental d'experts de l'ONU sur l'évolution du climat (GIEC) nous rappelle encore une fois que le dérèglement climatique met en danger la survie même de l'humanité; quand tout cela devrait préoccuper au moins ceux et celles qui nous dirigent, de quoi nous parlent nos politiciens? De sujets qui ne visent souvent qu'à leur faire obtenir un vote de plus.

Redéfinir le développement économique

Pourtant, il nous faudra trouver sous peu un autre modèle économique, basé sur la coopération plutôt que sur la concurrence, qui devra redéfinir la notion de développement économique et qui soustraira l'impact à long terme sur l'environnement de la supposée richesse produite. Il nous faudra développer des façons de produire l'énergie sans aggraver le dérèglement climatique. Il nous faudra nourrir encore plus d'humains avec moins de fertilisants, avec des mers où les poissons semblent de plus en plus incapables de se reproduire. Il nous faudra rendre accessible une eau potable plus rare à des populations de plus en plus assoiffées.

Il ne s'agit pas d'être alarmiste. Au contraire! Il y a là des défis stimulants pour des populations instruites et progressistes. Mais pour y arriver, il faut s'y mettre dès maintenant: rendre l'instruction encore plus accessible, investir dans la recherche fondamentale, prendre des mesures concrètes soutenant les énergies renouvelables, partager mieux les richesses, rapprocher le pouvoir des citoyens, penser nos villes et nos pays en fonction des bouleversements climatiques, etc.

Je n'ai pas entendu grand-chose de tout cela depuis huit mois. Depuis la Charte et pendant les élections, je n'ai vu que des politiciens faire de la politique comme je la déteste!

Dans les années 60, c'est le Parti libéral qui a ouvert la porte à une sortie de la grande noirceur économique et intellectuelle qui paralysait le Québec. Maintenant que les Québécois ont encore une fois tourné le dos à l'idée d'indépendance et que le PLQ a repris le pouvoir, serait-il en mesure d'ouvrir une nouvelle porte qui nous mènerait à une révolution écologiste, économique et démocratique? Sera-t-il suffisamment visionnaire pour nous permettre d'être fiers de nous dans 50 ans?

Si le PLQ de M. Couillard croit vraiment qu'il faille parler des «vraies affaires», il doit se projeter plus loin que la simple durée de vie d'un gouvernement. Les libéraux ont la possibilité d'amorcer une nouvelle Révolution tranquille, celle qui soutiendra la survie de la planète et même de l'humanité. Le feront-ils? En parleront-ils?

Nous, nous sommes prêts!

Et vous, M. Couillard?