Depuis quelque temps, je lis dans vos pages de courrier des textes sur la beauté du bilinguisme au Québec. Oui, pour les individus c'est un plus de parler l'anglais et d'autres langues, mais de prétendre et souhaiter que tout un peuple soit bilingue est une utopie.

Les peuples bilingues, oubliez ça, cela n'existe pas. J'ai passablement voyagé et je n'en ai pas vu. Il y a des individus bilingues ou trilingues, mais c'est l'apanage d'une minorité. Pourquoi ? Parce que tous ne sont pas doués pour les langues et n'aspirent pas tout simplement à en parler plusieurs. Apprendre une langue, la maitriser à l'oral et aussi à l'écrire, en saisir ses nuances et ses subtilités, c'est l'histoire d'une vie. Et, dans son ensemble, une population en a assez d'une à apprendre et c'est celle qui lui est nécessaire pour gagner sa vie.

Que cherche-t-on derrière cette volonté de pousser l'anglais partout et pour tous ? Ce n'est pas de parler deux langues, mais d'en parler une seule et la bonne, soit l'anglais. Si la population devait dans son ensemble trouver avantage culturellement à conserver le français, cela deviendrait un choix individuel qui, avec l'absence de nécessité du français au travail, se réduirait année après année.

La langue française devrait être la langue commune qui relie tous les citoyens vivant au Québec. Or, ce n'est pas l'avis de tous. Ceux qui sont contre ça ont pourtant le choix entre neuf autres provinces au Canada et les États-Unis. Quant à ceux qui veulent vivre et travailler en français en Amérique, ils ont le choix du Québec.

Nous aurons beau travailler à recevoir et franciser les immigrants, cette mesure va devenir, à un moment donné, ridicule avec la réalité de l'anglais exigé et parlé au travail. Pourquoi apprendre le français si les Québécois veulent passer à l'anglais et si le travail se fait en anglais ? Les immigrants voudront faire comme les autres et passer à l'anglais, tout simplement.

C'est bien dommage, car nos ancêtres sont venus en terre d'Amérique fonder une terre française et, malheureusement, le français n'aura pas réussi à percer comme la langue espagnole par exemple, l'anglais ou même le portugais au Brésil.