Notre démocratie est souffrante. En période électorale plus particulièrement. La diffusion prépondérante de l'information flash, du raccourci visuel simplificateur et des formules toutes faites ont rythmé le quotidien de l'information pendant 35 jours vécus comme une éternité.

Les élections du 7 avril dernier m'ont permis de constater à quel point les technologies (Twitter, internet, etc.) desservent une information précise, équitable et intelligente. On nous a présenté des «mots-clés» informatifs et des phrases «concentrées» de déclarations de chefs; une image instantanée qu'on nous offre en pâture en guise d'information. Rapidité, formules éculées, martelage et répétition ad nauseam ont été les techniques utilisées pour nous transmettre les informations pendant cette campagne électorale.

L'information sur les chaînes en continu (RDI et LCN) s'est avérée le supplice de la goutte d'eau. En une heure, la même image diffusée une vingtaine de fois. Un spectateur qui peut tenir le coup devant l'écran en sort abruti, le cerveau lessivé, incapable d'assimiler l'information réelle ou sous-jacente. Les propos ont été martelés à la minute près pour soutenir ces images uniques. À un point tel qu'on peut se demander si les médias électroniques ne sont pas devenus des outils de propagande et de contrôle massif de l'information.

Puis, d'un autre côté, les prophètes de l'information qui prédisent les comportements des chefs, les stratégies des partis. Soutenus en cela par les sondages multiples qu'on commente et recommente sur les ondes en continu, répétitivement. Pour finalement constater des résultats électoraux qu'ils n'avaient «pas vu venir». La défaite de Pauline Marois, par exemple.

L'utilisation inappropriée des technologies de l'information et l'abus dans les commentaires souvent tendancieux de nombreux journalistes-prophètes - ou qui ont carrément un parti-pris - convergent vers une information qui perd son sens, celui d'informer correctement l'électeur pour qu'il fasse un choix plus éclairé. Ce qui semble se produire est l'inverse. Les électeurs indécis risquent de l'être encore plus. Risquent-ils aussi d'aller moins voter parce qu'ils n'arrivent pas à comprendre les enjeux et répercussions de leur vote?

L'exemple des débats

La façon dont les débats entre chefs sont conçus, par exemple, ne favorise pas la transmission d'informations essentielles à la démocratie. Plutôt que de faire se combattre dans un ring quatre chefs sur l'attaque et la défensive, ne serait-il pas plus approprié de réunir une vingtaine de journalistes représentatifs qui poseraient les «vraies questions» à ces chefs? Préférons-nous un match de hockey dans lequel les coups de poing et les insultes basses fusent de toute part? Pour les cotes d'écoute, oui. Mais le «show» devrait céder la place à l'intelligence.

Et puis, pour favoriser la démocratie pleine et entière, ne faudrait-il pas, après avoir constaté des taux de participation plus ou moins démocratiques à chaque élection, instaurer le vote obligatoire? Et prévoir un espace «j'annule» sur le bulletin de vote?

Chaque citoyen a la responsabilité civique de voter. Ce n'est pas un privilège, c'est une obligation pour que la société ait un portrait réel de la situation globale de la démocratie. En attendant d'autres mesures favorisant davantage la démocratie électorale, ces simples mesures contribueraient, je pense, à contrer le scepticisme et la morosité des électeurs.

L'acte démocratique de l'électeur ne doit pas survenir qu'aux quatre ans, mais quotidiennement dans les informations qu'on lui propose.