Le fanatisme hideux et la politique croisent de nouveau le fer dans cette campagne électorale.

Louise Mailloux, la candidate vedette du Parti québécois, ne mâche pas ses mots lorsqu'elle parle de religion. Elle a déjà comparé le baptême et la circoncision à un viol de conscience, une remarque non seulement insultante pour les catholiques et les juifs, mais aussi un manque flagrant de respect à l'égard de victimes de viol. Mais ce sont les propos tenus par Mme Mailloux sur la nourriture cachère qui dépassent toutes les bornes et tombent dans le sectarisme destructeur.

Dans le monde entier, de nombreuses organisations supervisent la production des aliments afin de s'assurer qu'ils sont cachères. Elles facturent des frais que les entreprises paient volontiers pour élargir leur part de marché (seuls 14% des consommateurs recherchant des produits cachères sont des juifs pratiquants, selon une étude de marketing de Mintel), ce qui contribue plutôt à réduire les prix de vente en augmentant l'échelle de production.

En outre, la certification cachère ne comprend ni bénédictions, ni prières, ni transformation des aliments. Ce système de supervision n'est d'ailleurs pas exclusif à la nourriture cachère. Des organisations similaires certifient des produits sans gluten, des produits biologiques et des produits issus du commerce équitable.

Or, Mme Mailloux soulève une sinistre théorie du complot en soutenant le mythe d'une «taxe cachère» et déclare que la certification est en fait «une taxe religieuse et une taxe que nous payons directement aux mosquées, aux synagogues et aux groupes religieux. C'est du vol.» Elle y voit un stratagème des juifs pour déjouer la confiance de leurs concitoyens. Comme elle le dit si bien: «Comme à la messe, alors que la bénédiction du prêtre change le pain et le vin en corps et en sang du Christ, celle du rabbin change les poulets égorgés, le Nestlé Quick et le ketchup, en milliards de dollars.»

Mme Mailloux n'est pas la première à tenir de tels propos calomnieux. Le mythe de la «taxe cachère» est propagé depuis quatre décennies par des groupes racistes et antisémites tels que le Ku Klux Klan et la Ligue de défense chrétienne. Les antisémites disséminent cette accusation parce qu'elle dépeint les juifs comme des escrocs véreux et cupides.

Il est certain que Mme Mailloux, professeure de philosophie, comprend la portée de ses accusations. Toutefois, elle refuse de se rétracter et offre des excuses creuses, tandis que Pauline Marois, première ministre de tous les Québécois, refuse de condamner cette atteinte aux juifs.

Aucune autre autorité en Amérique du Nord n'aurait toléré pareille calomnie. Le PQ a conclu un pacte faustien et espère qu'une politique identitaire discriminatoire envers les minorités, la Charte des valeurs, lui permettra de former un gouvernement majoritaire. En soutenant Mme Mailloux et ses propos calomnieux à l'endroit des juifs, le PQ contribue à élever le seuil de tolérance pour les discours antisémites dans la vie politique québécoise. On ne reconnait plus le parti de René Lévesque et de Lucien Bouchard.

L'espoir d'un changement réel de ton de la part du PQ avant le 7 avril n'est pas perdu. Comme l'a déclaré Luciano Del Negro, du Centre consultatif des relations juives et israéliennes: «Nous nous attendons à ce que la première ministre de tous les Québécois fasse ce qu'il y a lieu de faire. Nous attendons toujours une réponse sérieuse de sa part.»