Vieillissement de la population, augmentation des coûts de santé, augmentation des programmes et des soins de santé sont des thèmes récurrents. Les maladies chroniques, c'est-à-dire les maladies cardiovasculaires, respiratoires et cancers représentent plus de deux tiers de la mortalité, de l'invalidité et des coûts de la santé.

Augmenter le budget de la santé au Québec, dont la part atteint près de 50% du budget global de l'État, apparaît difficile sans négliger d'autres secteurs névralgiques tels l'éducation, l'environnement, les infrastructures, la lutte à la pauvreté, la recherche, etc. La recette habituelle est de suggérer une augmentation des impôts des particuliers et des entreprises et de couper dans les dépenses administratives, c'est-à-dire non cliniques.

La directrice générale de l'Organisation mondiale de la Santé, le Dr Margaret Chan, mentionnait lors du sommet des Nations Unies sur les maladies non transmissibles (maladies chroniques mentionnées plus haut) en 2011 que même les nations les plus riches ne pourront pas faire face au fardeau économique imposé par ces maladies.

Elle mentionnait également que la plupart des mesures qui peuvent les prévenir ne proviennent pas du secteur de la santé, mais bien des autres secteurs de la société: finances (subventions, tarifs, quotas, fiscalité), éducation, transport, industrie et commerce, municipalités et zonage, urbanisme, agriculture, etc.

La réponse efficace à l'augmentation des maladies chroniques ne peut pas passer uniquement par le développement de nouvelles technologies et de nouveaux médicaments pour une raison très simple: les coûts seront exorbitants et hors de portée même pour les nations les plus riches. Quand le budget du ministère de la Santé comptera pour près de 70% des dépenses de l'État, soit vers 2030, il sera un peu tard pour réagir.

La lutte contre le tabagisme est un bon exemple à suivre. Au-delà des campagnes de sensibilisation, il a fallu des mesures fiscales (taxes) et des lois et règlements pour parvenir à ce succès de santé publique.

Tous les citoyens savent qu'il faut manger plus de légumes et de fruits, moins de sucre et de sel. Le problème est que les bons aliments coûtent cher et que la malbouffe est très accessible et très bon marché. En matière de prévention, il y a un manque de cohérence dans les politiques de l'État; tous les ministères devraient participer à la solution.

Au-delà de la responsabilité individuelle et de l'éducation, il faut intervenir sur l'environnement, en rendant les fruits et légumes plus accessibles et la malbouffe, beaucoup moins.

Adopter des mesures

On doit aussi modifier les règles du jeu en adoptant une série de mesures sans aucun coût additionnel dans la plupart des cas:

- Mieux cibler les subventions agricoles pour favoriser la production de fruits et légumes afin d'en diminuer les coûts, plutôt que de favoriser la production d'aliments qui servent à créer de la malbouffe;

- S'attaquer aux déserts alimentaires afin que les citoyens des quartiers défavorisés aient accès à des supermarchés plutôt qu'à des dépanneurs dont l'offre alimentaire est très limitée, peu nutritive et très dispendieuse;

- Favoriser une politique de zonage pour empêcher les restaurants de malbouffe de s'implanter autour des écoles;

- Appliquer vraiment l'interdiction de publicité pour la malbouffe aux enfants, car les enfants québécois sont exposés à plus de 30 000 messages publicitaires de malbouffe par année à la télévision;

- Favoriser le transport actif, considérer sérieusement une taxe sur les boissons sucrées, augmenter les cours d'éducation physique à l'école primaire et secondaire, etc.

Jusqu'à ce jour, il semble que les autres ministères et les autres secteurs d'activité ont été peu réceptifs à «se mêler» de la santé. Pour qu'une stratégie de prévention intégrée et globale soit mise en place, il faudra qu'elle soit appuyée au plus haut niveau du gouvernement et non pas seulement par le ministre de la Santé.