Personne ne sera surpris d'apprendre que je ne suis pas partisan d'un nationalisme ethnique. Et je n'ai jamais rencontré Pierre Karl Péladeau. Mais, en fonction de ce que j'ai lu et vu, voici mon opinion sur la campagne électorale au Québec.

Les Canadiens connaissent le père de Pierre Karl, Pierre Péladeau, qui restera, pour bien des gens, celui qui a rappelé un côté laid du nationalisme québécois en disant dans une entrevue que les Juifs prenaient trop de place. Il a ensuite affirmé avoir dit ça à la blague et que certains de ses meilleurs amis étaient juifs. Bien sûr!

Pierre Karl Péladeau vient d'apparaître sur la scène politique en se présentant comme le sauveur qui va changer la donne. Ce qu'il pourrait réussir, mais pas nécessairement comme Pauline Marois l'avait prévu.

Si on exclut le cas de Silvio Berlusconi, les divas du monde des affaires réussissent mal en politique. Et il y a une explication à cela: il est plus difficile qu'il n'y paraît d'être un bon politicien. Il faut posséder un bon sens de l'humour, avoir la couenne dure, de la patience et une bonne dose de ruse. Pour y arriver - de façon démocratique - , il faut aussi une grande discipline, de l'écoute et la volonté d'accepter d'être restreint par le regard du public et de faire face à son irrévérence.

Selon moi, Pierre Karl Péladeau ne possède pas vraiment ces qualités. Il a eu la bonne fortune, sur le plan de la richesse, d'avoir judicieusement choisi ses parents. Il est né avec une cuillère en argent dans la bouche qu'il croit avoir lui-même fabriquée. Il a de l'enthousiasme, mais pas forcément de l'endurance.

À une certaine époque, son père disait le fond de sa pensée. Le fils fera sans doute comme lui, mais sur d'autres sujets, d'une autre façon. Ses paroles viendront le hanter, et les gens ne laisseront rien passer. Il voudra poursuivre ceux qui l'auront malmené. Il est énergique et séduisant, mais ses opposants ne s'en laisseront pas imposer.

À droite

M. Péladeau est résolument à droite du spectre politique et sa façon d'administrer l'empire Québecor a été controversée. Un employé de la fonction publique ou un syndicaliste qui vote pour M. Péladeau, c'est l'équivalent d'un poulet qui voterait pour le colonel Sanders. Quelle que soit la voie qu'il choisira de prendre, il ne pourra supporter la critique ni l'opposition. Il dit souhaiter un pays; sans doute dans le but de le diriger. Et les électeurs devraient en tenir compte au moment de voter.

Lorsque Pauline Marois affirme qu'un Québec indépendant serait «un pays sans frontières», cela semble impensable quand on sait que ce gouvernement est obsédé par les affiches des magasins et les vêtements des gens. Ce qu'il propose est oppressif et impraticable. C'est aussi inconstitutionnel, et ce, peut-être même selon la Charte québécoise des droits de la personne.

La plupart des Québécois sont préoccupés, à juste titre, par l'économie, les finances publiques et le désir de protéger leur famille dans un monde incertain. On leur propose plutôt de se donner un rendez-vous qui mènera à la division. Ceux qui affirment que cela peut se faire sans grandes souffrances pour les parties concernées mentent au peuple.

Il est défaitiste de croire que l'élection est jouée et que la réélection de Pauline Marois est assurée. Les Québécois feront leur choix en avril. Ils ont amplement le temps de réfléchir à ce qu'ils souhaitent vraiment. Maintenant que M. Péladeau a fait de l'indépendance sa cause, les gens doivent se demander s'ils veulent vraiment un gouvernement tumultueux et un nouveau référendum qui créera des dissensions.