Le 13 mars 2013, surprise générale, un cardinal argentin est élu pape à l'âge de 76 ans. François est né, nom choisi en référence au Poverello d'Assise. Il manifestait ainsi son désir d'une Église pauvre pour les pauvres, ouverte sur une culture de dialogue et de rencontre. Qu'en est-il un an plus tard?

Alors que les religions sont souvent dénigrées et l'Église mal comprise, qui aurait pu prévoir que le nouveau pape deviendrait une vedette bien malgré lui? Il caracole en tête des réseaux sociaux et des moteurs de recherche, fait la une des magazines comme Time et Rolling Stone.

Lui se voit plutôt comme un homme normal, un pécheur, «choisi parce que pardonné», selon sa devise. Il répète sans cesse que c'est le Christ qui est au centre, pas lui. De fait, il ne brille pas comme une star, il éclaire comme un témoin, sa lumière vient d'un autre.

En toute simplicité

Ce qui frappe d'abord chez François, c'est son style chaleureux, décontracté, libre, qui le rend proche des gens. Il prêche par l'exemple, traduit l'amour en actes, surtout envers les plus pauvres, les plus souffrants. C'est un homme de paix qui croit en la fraternité.

S'il refuse d'habiter les appartements pontificaux pour résider à la Maison Sainte-Marthe, ce n'est pas à cause du luxe, dira-t-il, mais pour ne pas être seul, de peur de déprimer. Il est ainsi, François, direct et juste, en cohérence avec ce qu'il est, en toute simplicité.

Le pape jésuite est un homme pratique qui invite à une expérience, celle de l'amour évangélique qu'il place au centre de la pastorale. En premier, l'annonce de l'Évangile; en second, les préceptes moraux. La loi est au service de la miséricorde. C'est le propos central de son exhortation apostolique La joie de l'Évangile.

À l'exemple de son saint patron, il veut structurer l'Église et la société sur la solidarité et la tendresse. Il critique sévèrement une économie de l'exclusion et de l'inégalité où le puissant exploite le faible. Sa voix exigeante rappelle celle des prophètes de la justice sociale.

Ce caractère subversif de la charité, il l'applique également à l'Église en proposant une relecture de l'Évangile. Il parle du démon et de mondanité, pourfend le cléricalisme et la bureaucratie, souhaite une Église moins endormie et plus énergique dans sa foi. Il veut qu'elle sorte de ses structures de confort pour aller vers les autres qui sont en périphérie.

«Hôpital de campagne»

François répète que l'Église n'est pas une ONG, ni un «poste de douane» qui se contente de dire ce qui est permis et défendu. Il la voit plus comme «un hôpital de campagne» après la bataille qui doit soigner les blessures au lieu de s'en tenir à des sujets litigieux comme l'avortement, l'ordination des femmes, l'euthanasie, le mariage des prêtres. Il privilégie une Église compatissante envers le monde qui ne craint pas de se salir les mains. L'impulsion est donnée, la barque de saint Pierre a déjà pris tout un tournant en une année.

N'oublions pas que si l'Église vit une petite révolution, elle a commencé avec la renonciation de Benoît XVI. Ce geste libre, courageux, a ouvert de nouvelles avenues à la papauté et à la réforme de la Curie. Pour le reste, l'Église sera toujours appelée à devenir plus humble et tendre, à l'image de celui qui s'est défini comme «doux et humble de coeur» (Matthieu 11, 29).