Il semble donc que nous nous dirigions à nouveau vers une élection en vue de laquelle un gouvernement a monté en épingle un enjeu afin de nous faire oublier ses déboires et tenter d'aller chercher une majorité au moment opportun. Pour une deuxième campagne électorale consécutive, la soif de réélection du parti au pouvoir passe avant l'intérêt public et la stabilité de notre société.

La stratégie du Parti québécois en ce qui a trait à la Charte des valeurs n'est pas sans rappeler celle adoptée par le gouvernement Charest lors des dernières élections: la stratégie de l'intransigeance. En 2012, la cible en était les étudiants «fainéants» et «hors-la-loi» devant qui Jean Charest n'allait faire aucune concession. En 2014, ce sont plutôt les femmes voilées qui sont soudainement désignées comme une menace si sérieuse que le gouvernement péquiste ne puisse considérer aucun compromis à son projet de charte mur-à-mur.

La hausse des droits de scolarité et la laïcité de l'État sont des débats nécessaires et pertinents dans le cadre d'une société démocratique. Mais, dans ces deux cas, les enjeux ont été instrumentalisés de manière irresponsable par nos gouvernements, ce qui n'est pas sans conséquence pour la société québécoise.

Reste la CAQ, qui a fait des changements de cap une habitude et qui se distingue principalement par ses déclarations empreintes de pensée magique. À l'écoute du discours caquiste, nous doutons très fortement qu'une baisse importante des impôts entraîne également un équilibre budgétaire.

La continuité

Est-ce trop demander que de vouloir un État qui prépare ses dossiers avant d'annoncer ses projets de loi? Où en sont l'esprit démocrate et l'inspiration des assemblées de cuisine de l'époque de Lévesque? Qu'est devenu l'engagement péquiste de tenir des élections à date fixe? Y'a-t-il un seul parti politique au Québec qui n'ait pas jeté l'éponge quant à la question environnementale?

Comment expliquer les subventions tous azimuts à quelques jours des élections, si ce n'est que l'on s'inspire des techniques de distribution de cadeaux et de caisses de bières de l'époque Duplessis? Lorsque les péquistes utilisent les mêmes techniques que les libéraux ou l'Union nationale, il est normal que la relève ne suive pas.

La démarcation générationnelle est très claire en ce qui a trait au Parti québécois et à sa charte: les sondages indiquent que les moins de 44 ans n'embarquent pas et le caractère vieillissant du Parti québécois le confirme. Mais la relève ne veut pas pour autant redonner le pouvoir à une gouvernance libérale marquée par les conflits d'intérêts.

Esprit démocrate et progressiste

Ironiquement, ce que cette nouvelle cohorte réclame, c'est moins de corruption, plus de contenu et un esprit davantage démocrate et progressiste, à l'image des valeurs du fondateur du Parti québécois. Le PQ étant prêt à trahir ses valeurs fondatrices pour se faire élire, cette relève est contrainte de se chercher un autre véhicule politique. Et elle cherche toujours.

Nous irons voter par devoir civique, mais sans qu'il n'y ait d'inspiration. Ce que nous souhaitons sincèrement, c'est que ces élections imminentes, de même que le dépôt du rapport de la commission Charbonneau, marquent la fin d'une époque et déclenchent l'émergence d'un nouveau cycle politique où la relève politique prendra les devants plutôt que de se faire dicter la marche à suivre par les mêmes qui dirigent le Québec depuis des décennies et où elle marquera une rupture avec les moeurs politiques dépeintes par la commission Charbonneau.

Message aux générations X et Y: la tempête parfaite qui permettra notre engagement en politique est peut-être sur le point d'arriver. Messages aux baby-boomers découragés et exaspérés: vous êtes les bienvenus, nous aurons besoin d'aide.