23 novembre 2013. Marie-Josée Jean reçoit à son domicile une lettre du Centre de recouvrement d'Emploi Québec. Elle doit 831,47$ à l'aide sociale pour des pensions alimentaires reçues en trop. Au même moment, Marie-Josée rend son dernier souffle à l'hôpital Pierre-Le Gardeur, à quelques kilomètres de chez elle. À son chevet, ses deux filles Mélodie, 14 ans, et Lucie, 10 ans.

Amir a bien connu Marie-Josée, et pour cause: elle était sa patiente. Sa maladie était sérieuse. Sérieuse au point où elle est morte d'un lymphome, conséquence directe de la médication qui affaiblissait son système immunitaire depuis une décennie.

C'est la maladie de Crohn qui a conduit cette travailleuse à l'aide sociale. Elle s'y est retrouvée bien malgré elle, car cette femme était une véritable battante, une dame fière. Même si elle était physiquement incapable de travailler, l'aide sociale refusait de lui reconnaître des contraintes sévères à l'emploi, en plus d'amputer largement ses pensions alimentaires. Elle n'a jamais pu recevoir l'aide suffisante pour faire vivre décemment ses deux filles.

Cette femme a passé la dernière année de sa vie à mener deux batailles: l'une, impitoyable, contre la maladie, et l'autre, tout aussi impitoyable, contre un système. Elle ne s'en cachait pas: le stress engendré par la pauvreté affaiblissait son corps et son moral, déjà malmenés par la maladie.

Une injustice systémique

Comment notre société peut-elle tolérer qu'une mère de famille malade meure dans la pauvreté et l'indifférence? Nous estimons qu'il est inacceptable d'amputer les pensions alimentaires des personnes qui bénéficient de l'aide sociale. C'est une injustice systémique qui touche essentiellement des femmes et des enfants parmi les plus pauvres au Québec.

Si les pensions alimentaires avaient été exclues du calcul de l'aide sociale qu'elle recevait, Marie-Josée et ses filles auraient reçu 200$ de plus par mois. Qui en aurait bénéficié? Ses enfants! Est-ce un luxe?

En 2012, nous avons déposé un projet de loi visant à exclure les pensions alimentaires du calcul de l'aide sociale. La ministre Maltais avait alors démontré une certaine ouverture, mais jusqu'à présent, le Parti québécois n'a rien fait.

Visiblement, les dizaines de milliers de femmes, d'hommes et d'enfants qui ne parviennent pas à combler leurs besoins élémentaires ne sont pas une priorité pour le gouvernement Marois. C'est simple et malheureux... comme l'histoire de Marie-Josée Jean.