M. Audet,

En introduction de votre allocution sur la Charte, prononcée le 28 janvier et publiée dans La Presse, vous parlez de la prospérité des Québécois, du bien-être de ses concitoyens et des générations futures. Vous vous attardez, statistiques à l'appui, aux impacts du déclin de l'immigration sur la croissance économique. Vous abordez aussi le thème de la société québécoise multiculturelle et ouverte.

Il est tout à fait légitime de ne pas être pour la Charte québécoise telle que proposée actuellement. Je déplore cependant que vous vous attardiez surtout à l'aspect économique pour dénigrer la proposition actuelle. Vous semblez oublier, quand vous parlez du bien-être actuel et futur des Québécois, que les valeurs d'une société sont fondamentales. Bien avant les questions économiques, il est essentiel pour toute société de bien définir son identité et ses caractéristiques.

La société multiculturelle québécoise que vous décrivez est basée sur le modèle canadien des années 70 et 80. L'expérience a démontré, depuis, qu'au lieu de favoriser une ouverture et une approche commune, le modèle canadien n'a servi qu'à creuser le fossé entre les immigrants et les Québécois de souche. L'interculturalisme québécois proposé par le gouvernement actuel est de loin plus souhaitable et viable. Pour s'en convaincre il faudrait regarder ce qui s'est fait ailleurs dans des sociétés occidentales où la situation peut se comparer à la nôtre (France, Angleterre, Allemagne, Hollande) et non comme vous le mentionnez au Japon et en Russie.

L'espace public doit être laïque et l'aspect religieux doit être repoussé dans la sphère privée. Il est bien évident que cet exercice ne peut se faire sans contraintes. Le statu quo que vous proposez ne fera qu'envenimer une situation déjà déplorable en élargissant le fossé entre les immigrants et les Québécois de souche.

Votre position devant la Charte québécoises m'apparaît être plus celle d'un entrepreneur qui souhaite continuer à engranger des profits, plutôt qu'un citoyen québécois soucieux du bien-être des générations actuelles et futures.