Depuis plus de trente ans, l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec examine la question du diplôme universitaire de 1er cycle (baccalauréat) pour les futures infirmières, et depuis quelques années, tout a été mis en place pour favoriser cette transition sans qu'aucun groupe ne soit pénalisé.

Le discours pour le maintien d'un diplôme d'études collégiales pour les futures infirmières me porte à penser que les motifs sous-jacents véritables sont laissés dans l'ombre, et je pense notamment aux intérêts syndicaux. On tire vers le bas plutôt que de penser à devenir plus grands, meilleurs et plus performants!

Nous savons tous que dans le siècle actuel, la science évolue rapidement dans tous les domaines. Le Rapport du président du Groupe de travail sur la formation de la relève infirmière souligne à juste titre que le niveau de formation minimal exigé actuellement des futures infirmières du Québec accuse du retard par rapport à celui de l'Amérique du Nord et de plusieurs pays d'Europe. Il se compare désavantageusement avec le niveau de formation d'autres collègues professionnels du réseau de la santé.

La demande de soins de pointe s'est développée et continuera de le faire, et c'est la raison fondamentale pour laquelle la formation des infirmières doit suivre l'évolution des sciences. La formation offerte au cégep couvrait à peu près l'ensemble des connaissances voilà un peu plus de 40 ans, mais ce n'est plus le cas. Tout programme de cégep, y compris en soins infirmiers, est limité en nombre d'heures. On ne peut y enlever des éléments pour ajouter des nouveautés, puisque la limite d'heures de formation est immuable.

Les ergothérapeutes et les physiothérapeutes doivent minimalement être titulaires d'un diplôme de 2e cycle (maîtrise) pour exercer leur profession, respectivement depuis 2009 et 2010. Et que dire des psychologues qui, depuis 2006, ne peuvent intervenir auprès d'un client sans être titulaires d'un doctorat? A-t-on entendu des cris de protestation dans la population, chez les membres de ces ordres ou chez nos décideurs, voulant qu'ils soient trop formés pour donner des soins? NON! Les soins aux patients donnés par les infirmières ne sont pourtant pas moins importants et les sciences sur lesquelles ils se fondent ne sont pas moins diversifiées.

Comment pouvons-nous justifier un diplôme de cégep pour les infirmières du Québec, alors que les problèmes de santé d'ici sont semblables à ceux des autres provinces? Ne voulons-nous pas que nos infirmières soient au même niveau celles d'ailleurs?

Je n'argumenterai pas sur les préjugés véhiculés par des syndicalistes de cégep qui entrent dans la tête de nombreuses étudiantes que leur formation est suffisante. Les motifs profonds d'un tel comportement ne sont sûrement pas avouables et ma très longue carrière (depuis 1966) dans divers milieux professionnels et de la santé m'a donné l'occasion d'entendre les mêmes arguments ad nauseam. Le Rapport du président du Groupe de travail sur la formation de la relève infirmière a fait la démonstration qu'ils sont non fondés, mais malgré cela, la désinformation perdure et suscite des craintes inutiles et en conséquence, de la résistance au changement.

Nous ne pouvons adopter la politique de l'autruche ni choisir égoïstement le statu quo, et pour ma part, je suis extrêmement déçue et découragée de l'étroitesse d'esprit de certains.