Je suis partisan de la laïcité à l'intérieur des espaces civiques. Mais je ne voudrais pas pour autant que l'on réprime d'aucune façon le droit de représenter sa croyance à un dieu ou à d'autres divinités en dehors de ces espaces.

Cela fait partie des libertés fondamentales que nous nous sommes données, et si les choses doivent changer, évoluer, ce sera par l'éducation qui, lentement, devrait apporter ce qu'il faut pour douter, remettre en question et conquérir une liberté de pensée.

C'est pour cette raison précise que, dans nos écoles plus qu'ailleurs, ce droit à la représentation des croyances devrait être contraint. J'irais plus loin: contraindre la représentation et son objet, car même le signe religieux enlevé, il restera cette conviction sourde prête à répandre la bonne nouvelle partout où elle le pourra. Et cette bonne nouvelle peut malheureusement se trouver en travers du chemin de la connaissance qu'empruntent les écoliers.

La liberté de pensée et la liberté de croire s'opposent-elles? Difficile d'y répondre de façon absolue. Mais dans les faits, on peut se demander s'il y a beaucoup d'enseignantes (puisqu'il s'agit principalement de celles-ci au primaire et au secondaire) portant le hijab ou un crucifix dans le cou qui discourent sur l'évolution des espèces ou le Big Bang, par exemple.

En 1859, Darwin a démontré hors de tout doute que son hypothèse pouvait devenir une théorie universelle et Einstein a fait la même chose, en 1915, avec sa théorie générale de la relativité. Depuis, ces deux théories représentent les piliers du savoir humain concernant la nature du monde. Elles doivent être enseignées dès le primaire, avec toute la diligence et la passion qu'elles méritent et que nous méritons comme citoyens.

Et, comme tout est relié et qu'un enseignement riche doit démontrer les liens qui unissent la nature à tous les niveaux et dans toutes les matières, il y a une obligation, ici, de ne poser aucune barrière subjective à cette éducation, aucune interférence prosélyte qui viendrait ramener ces paradigmes universels à l'état d'hypothèses mesurables à l'aulne des croyances et des superstitions.