Postes Canada a décidé de ne plus livrer le courrier à domicile d'ici cinq ans. Le maire de Montréal, Denis Coderre, a raison d'être outré. Il pose deux bonnes questions: Que feront nos aînés et les gens à mobilité réduite? Comment rejoindre les Montréalais sans encombrer le mobilier urbain, déjà si omniprésent dans les quartiers?

Le même maire Coderre a fait campagne en promettant de mettre fin au projet de compostage prévu par la Ville de Montréal au Complexe environnemental de Saint-Michel (CESM). Cette décision, compréhensible, pose cependant la question du scénario alternatif: comment composter les 37 tonnes qui étaient prévues à Saint-Michel?

Les décisions de Postes Canada et du maire de Montréal n'ont évidemment aucun rapport entre elles. Paradoxalement, la Ville de Montréal et Postes Canada pourraient s'associer pour trouver une solution commune. Et pourquoi pas?

Je lance donc une idée qui n'est qu'à l'état d'ébauche, mais qui a le mérite d'ouvrir la discussion. Il s'agit de permettre aux personnes âgées et à mobilité réduite de continuer à recevoir leur courrier à domicile, de garder les boîtes postales en dehors des rues et d'aider le gouvernement du Québec à atteindre ses objectifs en matière de recyclage des matières organiques.

Dans chaque quartier, Postes Canada installerait ses boîtes de courrier dans un local commercial sur une rue passante. Recyc-Québec y installerait ses boîtes de recyclage. Ce local serait dirigé par une petite entreprise d'économie sociale qui prendrait en charge la collecte des matières organiques... et la distribution du courrier aux personnes âgées ou handicapées.

Les résidents des quartiers viendraient y chercher les lettres qui leur sont destinées et en profiteraient pour y laisser sur place la partie de leurs déchets à composter ou à recycler.

Plus coûteux, vraiment?

Le compostage communautaire industriel est plus coûteux que la technologie qui était prévue au Complexe environnemental de Saint-Michel. Il utilise des triturateurs-déshydrateurs («pulping and dewathering») et des composteurs industriels («in vessell composting system»). Les triturateurs ne terminent pas le processus de compostage, mais réduisent de 70% le volume de matières organiques, ce qui élimine sept camions sur dix.

Ces composteurs industriels font, en quelques semaines, ce que la nature fait en plusieurs mois dans une boîte de bois au fond du jardin. Ils ne dégagent aucune odeur, produisent un compost de haute qualité et sont à l'épreuve des animaux comme des vandales.

Comment financer l'opération?

La Ville de Montréal avait déjà prévu financer les immobilisations du CESM à hauteur de 14 millions. Une partie de cette somme pourrait servir à acheter les équipements nécessaires.

Postes Canada serait certainement intéressée à louer des espaces dans ces locaux commerciaux pour y installer ses boîtes de courrier.

Recyc-Québec pourrait également y trouver son profit en participant et contribuant à cette nouvelle structure communautaire.

Les ICI (institutions, compagnies et autres industries) devraient, pour leur part, continuer à acheter des services de collecte pour récupérer leurs matières organiques.

De toute façon, tous les arrondissements montréalais devront, d'ici quelques années, trouver les moyens financiers pour entrer de plein pied dans ce qu'il est maintenant convenu d'appeler la troisième voie.

De nombreux avantages

Il n'existe pas de solutions miracles pour régler d'un coup de baguette tous les problèmes auxquels la Ville de Montréal est confrontée. Mais réfléchissons à ce qui suit: cette nouvelle politique ferait faire des économies à Postes Canada. C'est bien ce qu'elle veut, non? Les personnes âgées, les malades et les handicapés recevraient comme maintenant leur courrier. Les rues commerciales seraient plus fréquentées et ne seraient pas encombrées de boîtes postales. Des emplois seraient créés. Les objectifs de recyclage des matières organiques seraient atteints et les gaz à effet de serre (GES) réduits.