Comme chaque année, des milliers de Québécois iront à la messe de minuit à Noël et, comme chaque année, ces Québécois de tous âges vont entonner en choeur le Minuit Chrétien, soit à l'église, soit tout simplement dans leur voiture. Est-ce qu'il y aurait un retour à la religion après toutes ces années de travail à sortir le religieux de l'espace public et mettre en place des écoles non confessionnelles? La grande question pour plusieurs citoyens du Québec est de définir ce qui est religieux et ce qui est culturel.

Nos ancêtres, très religieux et pratiquants, ont bâti avec beaucoup d'efforts, de sueurs et d'argents toutes ces belles églises que l'on retrouve dans toutes les paroisses du Québec. C'était alors la compétition entre les curés à savoir qui aurait le plus beau clocher, les plus beaux vitraux ou encore le plus bel autel avec son tabernacle. Maintenant que les Québécois ont délaissé la religion, faudrait-il démolir ces lieux de cultes? Et les croix, que l'on retrouve à la campagne, à la croisée des chemins, ont les enlève? Et la croix du Mont-Royal, tant qu'à y être?

Bien sûr que non. Pour la grande majorité des Québécois, même les plus athées, les églises, les croix et même la messe de minuit, tous ces symboles sont devenus plus culturels que religieux.

En fait, la ligne est très mince entre le culturel et le religieux. Pour plusieurs peuples sur la Terre, la culture ne devient pas une religion, mais la religion traverse plus facilement la ligne pour devenir une culture.

Le Québécois non croyant et non pratiquant peut se définir Québécois de culture chrétienne, et ceci en ne mettant jamais les pieds dans une église. Certains diront que c'est paradoxal, mais finalement, il n'y a rien de plus logique, à moins de renier complètement notre culture canadienne-française et notre éducation de souche chrétienne.

Avec le débat sur la Charte de la laïcité, pourquoi faudrait-il remettre en question nos symboles, que plusieurs Québécois considèrent plus culturels que religieux? Il ne faut pas faire l'erreur de tronquer notre patrimoine dans l'espoir que les musulmanes enlèvent leurs voiles. Trois foulards pour un crucifix? C'est ridicule, il ne faut pas tomber dans ce piège.

N'en déplaise aux fervents du multiculturalisme, notre patrimoine et notre culture ne sont pas à vendre, et c'est non négociable. Même si le Québec se veut laïque, les Québécois ne doivent pas renier qu'ils sont de culture chrétienne, et ce, même en état non pratiquant d'une religion.

Alors, quand vous irez à la messe de minuit, marchant sur un beau tapis blanc de neige, est-ce que ce sera pour fêter la naissance de l'enfant Jésus, donc pour une raison purement religieuse, ou pour vous remémorer votre jeunesse où toutes les familles québécoises s'entassaient dans une église décorée de ses plus beaux artifices? Ou bien peut-être bien pour toutes ces raisons: la culture, la religion et la nostalgie d'un temps inoubliable de fêtes familiales. Joyeux Noël!