Maria Mourani, par sa nouvelle adhésion au fédéralisme, vient de parcourir en quelques mois le chemin que nombre de Québécois ont fait depuis 1995.

Nos vieux rêves

Maria Mourani, par sa nouvelle adhésion au fédéralisme, vient de parcourir en quelques mois le chemin que nombre de Québécois ont fait depuis 1995.

La prise de conscience de cette dernière ne devrait pas surprendre, les raisons ayant amené la montée du nationalisme québécois n'étant plus là. En effet, les Québécois ont pris le contrôle de leur économie et leur langue est maintenant mieux protégée. Et surtout, des problèmes beaucoup plus tangibles affectent les Québécois, ne serait-ce qu'en santé et en éducation, deux juridictions provinciales.

Les dernières poussées de nationalisme ont aussi malheureusement carburé à l'hostilité face aux autres: on peut penser au rejet de l'Accord du lac Meech, et maintenant à la clause de la charte privant certaines minorités de leurs droits. Or, un pays sain ne se construira jamais sur la haine des autres, mais bien sur l'amour des siens.

Pour compléter le message de Maria Mourani, je pense qu'il est temps de rappeler à nos amis nationalistes que les rêves nous font vivre, mais qu'il y a des fois où il vaut mieux se réveiller.

Pierre Langlois, Montréal

Grandes manoeuvres stratégiques

L'été dernier, Maria Mourani se démenait comme un diable dans l'eau bénite afin de stopper le projet de redécoupage électoral de sa circonscription par le gouvernement fédéral. Elle a même voulu attaquer en cour ce projet. C'est que l'enjeu était très grand pour elle: il s'agissait ni plus ni moins de son poste de députée. Ce redécoupage privait madame Mourani d'une bonne partie de son électorat naturel. Et, comme elle a remporté ses dernières élections d'infime justesse, elle aurait été battue.

Mais voilà que le Parti québécois lui offre une occasion inespérée de sauver son poste: la Charte des valeurs et son caractère «inclusif». La bouillante députée d'Ahuntsic n'allait pas rater l'occasion.

Elle crucifie publiquement et en termes très violents le projet de charte, se fait exclure du Bloc, prend un temps de «réflexion», et revient en déclarant que la Charte canadienne des droits la protège mieux que la Charte québécoise et que, du même coup, elle n'est plus indépendantiste; jetant ainsi le bébé avec l'eau du bain.

On attend le prochain épisode.

Daniel Gomez

Une femme courageuse

Bravo, Mme Mourani, d'affirmer avec courage votre dissidence politique au PQ à l'égard de la Charte des valeurs québécoises. Vous exprimez tout haut ce que plusieurs autres de vos ex-collègues souverainistes taisent, c'est-à-dire que le Parti québécois tente de gagner des votes sur le dos des minorités, avec un projet de loi qui va trop loin et qui sème la division.

Soyez assurée, Mme Mourani, que les forces souverainistes se ligueront contre la messagère que vous êtes pour vous dénigrer et ainsi tenter de passer sous silence le contenu de votre propos.

Avec le panache qui est le vôtre, vous saurez sûrement vous défendre et je trouve tout à fait noble de votre part de quitter le rang et de faire face à l'adversité pour promouvoir vos convictions profondes.

René Lavoie, Québec

Non au repli sur soi

Comme Maria Mourani, le débat sur la Charte des valeurs m'a fait décrocher d'abord du PQ, puis du projet de souveraineté. La génération actuelle de souverainistes planche sur un souverainisme ethnique hostile aux minorités. Pourtant, les Québécois de souche ont depuis longtemps renoncé au peuplement de leur territoire et ont misé sur l'immigration pour empêcher la décroissance de leur économie. Nous avons la chance de créer un village global au Québec. À quoi nous servira-t-il de nous replier sur nous-mêmes, en essayant d'étouffer la richesse de la diversité apportée par l'immigration? Comme le dit Mme Mourani, nous serons mieux servis dans le Canada que dans un Québec dirigé par les purs et durs qui occupent le haut du pavé du mouvement souverainiste actuel.

Jeannot Vachon, Québec