Le report de la création de l'assurance autonomie à l'année prochaine nous donne le temps d'évaluer les services dont ont besoin les personnes âgées. Rome ne s'est pas construite en un jour. Comment éviter de reproduire les faiblesses du service de maintien à domicile actuel, qui peuvent représenter un danger pour la santé du bénéficiaire?

La formation insuffisante du proche aidant, pourtant appelé à jouer un rôle «professionnel» auquel rien ne le prépare, constitue l'une des faiblesses majeures de ce système. Une formation en ligne ou, mieux encore, une formation personnalisée, lui serait d'un grand secours.

Ce manque d'information sur les soins gériatriques est présent à tous les paliers de soins. À l'apparition d'un état de tristesse et de déficit cognitif, ma mère a consulté un gériatre. Ce qui semblait être une «simple déprime de vieille personne» était, en réalité, une dépression clinique qui demandait des soins. L'humeur dépressive est souvent un «prodrome», un symptôme avant-coureur des grandes maladies du cerveau liées au vieillissement.

Sans nous éclairer là-dessus, le gériatre nous a renvoyées à la maison, en nous donnant une tape amicale. Bien renseignée, j'aurais pris les mesures nécessaires, c'est-à-dire, surtout, mettre fin à l'isolement de ma mère.

Le service des soins à domicile pèche par la même insuffisance d'information. Ma mère est devenue plus ou moins invalide à la suite d'une fracture à la hanche. Aucun ergothérapeute ne m'a guidée pour l'achat d'un fauteuil convenable, comme ceux dont disposent les CHSLD. De bons conseils auraient peut-être prévenu l'aggravation de problèmes circulatoires qui ont entraîné un état gangréneux du pied. Comment nous assurer que la qualité des soins à domicile équivaudra à celle des CHSLD?

Le proche aidant devrait aussi être initié à la notion de «soins de confort» assurant la meilleure qualité de vie possible au malade: comment prévenir la formation d'escarres en l'asseyant correctement? Comment faciliter la déglutition et prévenir les pneumonies d'absorption par l'ajout d'un agent épaississant aux liquides? Les renseignements m'étaient donnés de manière aléatoire, éparse, au compte-goutte. Le plan de service a été établi trop rapidement. Plusieurs intervenants, des infirmières et des préposés, étaient très consciencieux, mais nous avons aussi rencontré de sérieux problèmes de coordination.

Des auxiliaires et des préposés présents et fiables

La réussite du maintien à domicile passe par la présence fréquente d'une auxiliaire familiale fiable qui informe l'équipe soignante de l'évolution du patient. Encore faut-il qu'elle ne manque pas à répétition...

Les périodes de «gardiennage» assurées par les auxiliaires et les préposées sont parfois bien mal remplies: regarder la télévision pendant que le bénéficiaire dort, par exemple, au lieu de lui faire faire des exercices cognitifs et physiques. On ne peut plus soigner les aînés comme on le faisait il y a 50 ans. Comment veiller, aussi, à ce que les connaissances du Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUGM parviennent jusqu'aux domiciles des malades?

Les écoles de préposés aux bénéficiaires doivent former des personnes au bon jugement, capables d'initiative, et en mesure d'aider à l'organisation de la vie de tous les jours. Le travail de préposé, une véritable vocation, demande des dispositions naturelles, ainsi que l'amour réel des personnes âgées.

Une évaluation par écrit des soignants, qui veillent sur les gens les plus fragiles de la société, serait nécessaire. Mais comment attendre le dévouement de personnes souvent mal rémunérées et sans avantages sociaux?

Enfin, un code d'éthique précisant les droits et les devoirs des familles et des soignantes favoriserait une collaboration plus harmonieuse.

Le sentiment de notre dette à l'endroit des aînés nous motivera peut-être à créer un système plus efficace. L'un de ceux-ci, un géant, vient de mourir... Souhaitons que Nelson Mandela ait reçu les soins de qualité auxquels tous les êtres humains devraient avoir droit.