L'habit ne fait pas le moine. C'est le caractère de la personne qui fait le moine. Les qualités et les défauts (i.e. le caractère) d'une personne ne font pas non plus l'institution dans laquelle cette personne travaille.

Accurso n'est pas l'industrie de la construction et Zampino ne fait pas la Ville de Montréal. Le fait que tous les policiers portent le même uniforme ne fait pas le Service de Police de la Ville de Montréal. Le SPVM n'est ni honnête ni malhonnête parce que plus ou moins de ses policiers sont honnêtes ou malhonnêtes. Le SPVM existe au-delà des qualités et des défauts, ou des habits, des policiers qui le représentent. Il y a toujours eu des voleurs et des saints dans le temple. Dans tous les temples.

L'habit ne fait pas le moine et le moine ne fait pas la religion. On ne peut pas dire que les Jésuites habillés en noir étaient plus catholiques ou moins catholiques que les Dominicains qui, eux, portaient jadis des soutanes blanches. Monsieur et madame tout le monde n'ayant jamais porté de soutane, ou de crucifix, pouvaient aussi être de très bons catholiques. Jésus n'a jamais dit aux chrétiens comment s'habiller, ou de quelle dimension devrait être leur crucifix, ni même s'ils devaient en porter un ou pas. Pas plus d'ailleurs que Mahomet, Abraham, Bouddha, etc. ne l'ont fait pour leurs propres adeptes, je présume.

C'est le fait de fondateurs de sous-groupes religieux de dicter l'habit que leurs adeptes devront porter, ou les signes qu'ils devront arborer. Les groupuscules religieux ne devraient pas se prendre pour d'autres, pas se prendre pour «le» peuple, et encore moins se prendre pour la religion d'un peuple. La soutane ou le surplis ne font pas le catholicisme, pas plus que la kippa ne fait le judaïsme ou que le hidjab ne fait l'islam, etc. 

Au-delà de l'habillement, il y a des bons et des mauvais catholiques, comme des bons et des mauvais islamistes, juifs, bouddhistes, hindouistes, etc. J'irais même jusqu'à dire qu'Il y a des bons et des mauvais athées.

Lorsque j'applique un raisonnement semblable à la fonction publique québécoise, j'en arrive à la conclusion que la laïcité pourrait avoir une existence juridique indépendamment de la façon dont les fonctionnaires décideraient de s'habiller à l'avenir. L'habit ne fait pas le fonctionnaire et le fonctionnaire ne fait pas l'État. Le gouvernement n'est pas un groupuscule. 

L'Assemblée nationale n'a donc absolument pas besoin de dicter la façon dont les fonctionnaires s'habillent, ni les signes religieux qu'ils peuvent arborer ou non, pour que le Québec devienne juridiquement laïc. Un simple amendement à la Charte des droits et libertés du Québec suffirait. Pas besoin de loi particulière. 

L'État pourrait également promulguer l'égalité entre les femmes et les hommes en l'inscrivant explicitement dans la Charte des droits et libertés. La Charte étant elle-même la loi fondatrice qui prime sur toutes les autres lois, l'État québécois serait de facto laïc et non-ségrégationniste eu égard au sexe, à la religion, à l'habillement ou aux signes religieux que ses fonctionnaires peuvent arborer ou non.

Pas besoin d'une loi non plus pour enlever le crucifix à l'Assemblée nationale. Plutôt une échelle.