Le leader est une personne qui a la capacité d'écouter, de prendre en compte les idées des autres, de les persuader, de les amener à adhérer à des orientations et à entreprendre une action sans avoir recours à des méthodes coercitives ou à des récompenses.

Le véritable leader sait que la confiance que lui portent les autres est circonstancielle et qu'elle a une durée dans le temps. Il doit reconnaitre ses propres limites et se retirer lorsqu'il comprend qu'il ne peut plus faire avancer la cause, non sans préparer sa relève. Nelson Mandela a donné un bel exemple de leaderhip en quittant la présidence de son pays en 1999.

En avril 1994, l'ANC, dirigé par Nelson Mandela, avait remporté les premières élections libres de l'histoire de l'Afrique du Sud. En 1996, le pays a adopté sa première constitution démocratique. Sous la gouverne de Mandela, le premier gouvernement multiethnique du pays a réalisé des projets majeurs en éducation, en prévention du SIDA et en développement économique. 

Pourtant, en 1997, Nelson Mandela annonçait qu'il ne se représenterait pas aux élections même si la constitution du pays le lui permettait et que sa popularité était à son sommet. Mandela était ainsi en rupture avec d'autres chefs d'État africains qui avaient pris pour habitude de modifier les constitutions afin de rester au pouvoir.

Spécialiste de l'Afrique du Sud, le professeur Sean Jacob rapportait récemment dans le Courrier international que l'Afrique du Sud d'aujourd'hui est totalement différente de celle que Mandela a trouvée à sa sortie de prison en 1990. Elle a un gouvernement noir, une classe moyenne noire en continuelle expansion, des médias dynamiques, des libertés démocratiques affermies et une économie en pleine croissance. 

Toutefois, selon Jacob, Mandela a présidé une politique économique catastrophique pour la majorité pauvre et noire du pays. S'il a assuré la stabilité économique du pays après 1994, c'est au prix du maintien de la richesse et de l'influence disproportionnées de la population blanche.

Mais voilà, l'essentiel de l'oeuvre de Mandela n'a pas été la réforme économique. Mandela était devenu une légende vivante parce qu'il a renversé l'apartheid au prix de sa liberté et réussi une réelle réconciliation. En vrai leader, Nelson Mandela a cédé sa place à d'autres qui devaient avoir les compétences nécessaires pour réussir à propulser l'Afrique du Sud dans les rangs du G20. 

L'Histoire ne retiendra pas la contribution de Mandela au développement économique de son pays. Et pourtant, c'est lui qui a implanté la condition essentielle pour le réaliser, l'implantation d'une solide démocratie qui perdure encore aujourd'hui.