À la suite à l'article de Gabrielle Duchaine, paru le 26 novembre dernier («Des patients privés de leurs droits»), je souhaitais apporter quelques bémols aux faits qui ont été mentionnés dans l'article. On doit d'abord se demander: où sont les familles de ces patients abusés?

Passer 70 jours en isolement est certainement un épisode terrible dans la vie d'une personne; être abandonné par ses proches l'est tout autant. Sachez que la majorité des patients qui doivent être hospitalisés n'ont pas ou très peu de visite, car leur famille les a rejetés. 

Je vous invite à venir passer quelques après-midi à l'hôpital Louis-H. Lafontaine, afin de constater que ces gens sont laissés pour compte parce qu'ils sont différents. La maladie mentale est traitresse, car elle ne se voit pas; elle se vit. 

Comment est-il possible de juger d'un acte thérapeutique lorsqu'on ne connaît pas la nature de l'intervention? Est-ce que cette personne était un danger pour elle-même ou pour les autres? S'il faut chercher des coupables, je m'adresse aux familles qui ont lâché prise complètement et qui tentent d'ignorer la réalité vécue par ces patients. 

Je tiens aussi, par cette lettre, à remercier les préposés et les infirmières qui font un travail remarquable et qui aident, sans juger, ces personnes qui souhaitent être écoutées, tout simplement. Le jugement qui ressort de l'article ne reflète en aucun moment ce que j'ai ressenti lors de mes fréquentes visites dans cet établissement. 

À vous lecteurs, qui avez peut-être un membre de votre famille hospitalisé pour des raisons de santé mentale, n'ayez crainte et acceptez d'accueillir vos proches, en leur donnant un peu de temps et d'amour. La période des Fêtes arrive à grands pas et laissez votre coeur généreux l'être pour un être cher.

Des enquêtes approfondies

L'article dont il est question est basé sur des enquêtes approfondies du Protecteur du citoyen dont nous exposons les conclusions. L'analyse du Protecteur du citoyen n'a pas porté sur la valeur des interventions médicales, mais bien sur le respect des droits des malades. Notre texte ne vise pas à «pointer des coupables», ou à «porter des jugements», mais bien à mettre en lumière des incidents qui ont eu lieu dans nos établissements de santé. S'ils ne sont pas généralisés, ils n'en sont pas moins d'intérêt public.

Gabrielle Duchaine