Au Québec, on finit par en vouloir à ceux qui réussissent. C'est invariable et c'est pathétique. Nommez-moi une personne ou une entreprise québécoise qui connaît du succès, je vous trouve une armée de gens qui en parlent en mal. Ces jours-ci, nous avons droit aux insultes et aux ragots contre le champion de combat extrême Georges St-Pierre.

Georges St-Pierre a fait rayonner le Québec sur la scène internationale. C'est un athlète complet et accompli qui s'est consacré à la réussite dans son sport - sport qui combine plusieurs disciplines dans lesquelles il excelle. Par sa détermination et son dévouement, il est devenu un champion des champions. Plus qu'Eugénie Bouchard, plus que Maurice Richard, son nom résonne à travers le monde pour ses exploits.

Vous pouvez aimer ou ne pas aimer les arts martiaux mixtes ou les sports de combat, c'est votre choix. Mais son succès reste néanmoins indéniable. Ceux qui le traitent, lui ou son sport, de barbare ne font que clamer haut et fort qu'ils ne connaissent ni ne comprennent les arts martiaux mixtes. Il y a du sang au hockey et à la boxe aussi. Il y a des fractures en ski et des commotions cérébrales au football. Les arts martiaux mixtes ne font pas exception, si ce n'est qu'ils peuvent parfois choquer, par leur intensité, des gens qui préfèrent se plaindre plutôt que de se concentrer sur autre chose.

Tout ça, on connaît. Tout ça se passe à chaque combat et les mêmes personnes nous sortent les mêmes insultes et les mêmes préjugés. Là où ça déborde, là où on constate que GSP a atteint le summum du succès, c'est quand on commence à lui trouver, ou plutôt à lui inventer, des bibittes.

Des sites web inventent des rumeurs et nombreux sont ceux - incluant des journalistes - qui s'empressent de les propager, sans se soucier de l'impact de leur geste et sans se questionner sur la crédibilité de leurs sources. Parce qu'au Québec, rabaisser quelqu'un qui a du succès, c'est instinctif.

George St-Pierre est humain. Il a réussi et s'est rendu au sommet de façon admirable, et il a aussi probablement des problèmes dans sa vie personnelle - comme vous et moi. Ce n'est pas une raison pour s'en mêler. Ce n'est pas une base pour juger sa performance.

Quel est l'intérêt de faire ça? Sommes-nous un peuple si voué à l'échec que nous devons nous empresser de rabaisser ceux qui finissent par réussir? Sommes-nous si jaloux, Québécois, que nous nous sentons obligés de parler en mal de nos héros?

Comme tant d'autres Québécois, GSP est victime de son succès. C'est triste.