Le Code civil du Québec prévoit que «les époux assurent la direction morale et matérielle de la famille, exercent l'autorité parentale et assument les tâches qui en découlent». De plus, le Code civil du Québec précise que «les père et mère ont à l'égard de leur enfant, le droit et le devoir de garde, de surveillance et d'éducation».

Lorsque des parents confient leurs enfants à l'école, ils délèguent donc leur pouvoir de garde, de surveillance et d'éducation aux enseignants qui les reçoivent. Conséquemment, en tant que parent, je ne voudrais pas que mes enfants soient confiés à un enseignant qui inculquerait des notions que je ne partage pas ou qui aurait un langage, un costume ou des signes qui pourrait les influencer dans leur choix politique, social ou religieux.

La Commission Bouchard-Taylor a sous-estimé l'influence des enseignants des niveaux primaire et secondaire sur l'éducation des enfants et des adolescents.

De plus, la Commission a oublié que les parents délèguent leur autorité parentale aux enseignants lorsqu'ils envoient leurs enfants à l'école.

Ayant enseigné plusieurs années au niveau secondaire, j'ai alors pris conscience que j'avais une grande influence sur mes élèves. D'ailleurs, qui ne se souvient pas d'un enseignant qui nous a considérablement marqués, à l'école primaire ou secondaire? Certains de mes anciens élèves m'ont confié que je les avais favorablement impressionnés ou que tel autre enseignant l'avait aidé dans son cheminement.

J'ai enseigné la biologie et l'écologie au secondaire et si, au lieu de croire à la théorie de l'évolution, j'avais été un adepte du «créationnisme», j'aurais sûrement été capable d'influencer mes élèves dans ce sens.

Plus tard, comme responsable des ressources humaines à la commission scolaire, je me souviens d'enseignants qui étaient entrés dans des sectes et qui influençaient leurs élèves d'une façon indirecte. On a dû agir, puisque les parents n'étaient pas d'accord avec cet enseignement.

Au cours de notre vie, nous aurons peu d'occasions d'être en contact avec des juges, des policiers ou des gardiens de prison, mais chacun de nous aura été en présence des enseignants pendant plusieurs années. Leur influence est énorme sur leurs élèves et ils doivent respecter les valeurs de ceux-ci et afficher la plus grande neutralité possible.

Certains rétorqueront qu'un costume ne peut influencer les valeurs d'un enfant. Ce n'est pas vrai. J'ai eu des professeurs religieux tout au long de mes études. J'ai réfléchi à la possibilité de devenir prêtre ou religieux. Jamais, un religieux ne m'a incité à entrer en «congrégation», mais la vue continuelle du costume religieux me rappelait que mes enseignants n'étaient pas laïques.

Dès son jeune âge, l'enfant s'éveille aux diverses réalités de la vie et emmagasine une foule d'observations et de règles. C'est donc la responsabilité des parents, et non celle des enseignants, d'inculquer ou non des valeurs religieuses à leurs enfants.

Conséquemment, je pense qu'aux fins de la charte de la laïcité, il faut absolument que les enseignants soient inclus dans le groupe des personnes en autorité.