Il est trois heures du matin, je chauffe mon lait, 63 degrés, 30 minutes, je commence ma journée. Ce sera surement un excellent «14 Arpents», comme toujours. Cependant, mes pensées ne sont pas à mon fromage ce matin, ni à mes 250 meules de «Belle-mère» à affiner. Le coeur y est un peu moins, l'impuissance et la colère y prennent trop de place.

M. Harper, je m'y attendais... Le Québec, il s'en moque. Prendre l'industrie fromagère comme monnaie d'échange pour arriver à ses fins, c'est sournois, c'est déloyal, c'est pitoyable, c'est choquant... mais c'est loin d'être une surprise. Ce que je déplore, par contre, c'est la réponse du gouvernement Marois. Je n'y peux rien, ça ne me rentre tout simplement pas dans la tête: comment peuvent-ils adhérer à cet accord de libre-échange avec l'Europe?

Monsieur le ministre Alexandre Cloutier, député de Lac-Saint-Jean, vous qui avez quatre fromageries artisanales dans votre comté, comment pouvez-vous entériner ce projet? Comment pouvez-vous rester muet? Je me rappelle encore les belles paroles du cours de «Développement régional» que donnait au cégep de Jonquière le professeur Sylvain Gaudreault, aujourd'hui ministre. Vous n'y croyez plus ou vous ne pouvez plus y croire?

Aujourd'hui, mes soeurs Rose-Alice et Bérangère, et mon frère Étienne, pensons à notre avenir, à ce que nos parents ont bâti pour nous, pour la région, pour le Québec. Nous croyons dur comme fer qu'il faut continuer à développer cette industrie florissante. La concurrence ne nous fait pas peur. Les fromages québécois n'ont rien à envier à ceux de l'Union européenne. Cependant, nous appelons à une compétition loyale, nous exigeons des subventions à la hauteur des subventions octroyées aux fromages européens. Nous voulons avoir l'appui de notre gouvernement, de nos députés. Nous appelons à la croissance, nous appelons au développement, nous appelons à l'avenir.