Plutôt que de fonctionner selon l'année civile, l'exercice financier américain prend fin le 30 septembre et un nouveau commence le 1er octobre. Selon la législation, le Congrès doit présenter au président, avant le 30 septembre, 12 lois portant sur l'ouverture de crédits budgétaires qui accordent des fonds au gouvernement, de sorte qu'il puisse poursuivre ses activités. Le défaut de présenter ces lois entraîne une fermeture des services si le Congrès ne peut s'entendre sur une loi temporaire visant à accorder des fonds d'urgence au gouvernement fédéral jusqu'à ce que les mesures portant sur l'affectation de crédits soient adoptées.

À minuit mardi matin, les Américains ont pu constater que les services fédéraux étaient en grande partie suspendus en raison de désaccords entre les républicains et les démocrates du Congrès. Sur un effectif de plus de deux millions de travailleurs fédéraux, 800 000 ont été mis en congé forcé: les parcs nationaux, les musées et de nombreux services essentiels ont été immédiatement fermés. Bien que les militaires continuent d'être payés et que les chèques de sécurité sociale continuent d'être envoyés aux personnes âgées, la majeure partie des services du gouvernement fédéral demeureront fermés jusqu'à ce qu'une entente soit conclue.

Les démocrates demeurent unis dans leur désir d'adopter une loi temporaire d'affectation de crédits sans condition, qui financeraient le gouvernement fédéral jusqu'au 15 décembre.

Les républicains de la Chambre et du Sénat, cependant, demeurent amèrement divisés quant à la voie à suivre. Un groupe minoritaire de sénateurs dirigé par Ted Cruz (R-Texas), l'enfant chéri du Tea Party, se dit pour la fermeture du gouvernement, à moins que les crédits alloués pour financer la loi sur les soins de santé, chère au président Obama, ne soient retirés.

Alors que la plupart des républicains s'opposent à la réforme du système de soins de santé, l'«Obamacare» (qui n'a pas obtenu de votes républicains lors de son adoption en 2010), d'autres plus modérés, au Sénat, estiment que le président n'autoriserait jamais l'entrée en vigueur d'une loi qui nuirait à ses réalisations sur le plan national. À mon avis, il s'agit d'une bonne lecture de la situation.

La Chambre des représentants, dirigée par des républicains, ne s'entend pas sur la façon de faire. Le président de la Chambre des représentants, John Boehner, continue de subir la pression des 30 ou 40 membres de son caucus qui sont sympathiques à la mission du sénateur Cruz, c'est-à-dire priver l'«Obamacare» de fonds à n'importe quel prix.

Reconnaissant que cet objectif ne constitue pas une réalité politique, le Grand Old Party pourrait très bien céder aux démocrates qui souhaitent l'adoption d'une loi temporaire d'affectation de crédits propre, considérant qu'il sera en meilleure position pour négocier avec le président Obama une fois que le pays aura atteint le plafond fixé pour la dette, lequel détermine la capacité pour le gouvernement fédéral d'emprunter de l'argent. Ce plafond de 17 000 milliards de dollars sera atteint le 17 octobre.

Mais surtout, les républicains examinent la façon dont le public perçoit leur volonté de suspendre les services du gouvernement pour évaluer leurs chances électorales en 2014. Bien que le public américain s'oppose à la suspension actuelle des services gouvernements, il est d'accord avec les républicains à 2 contre 1 pour qu'un relèvement du plafond de la dette soit compensé par une diminution des dépenses.

Les jours qui viennent détermineront si la suspension des services sera maintenue pendant des jours ou pendant des semaines.