Absence de vision, calcul politique, trop longue période depuis son dernier pèlerinage à Bordeaux, toutes les hypothèses sont bonnes pour tenter d'expliquer le virage à 360 degrés du maire Régis Labeaume dans le dossier du transport à Québec. À un moment où tous les signes semblent pointer vers l'entrée du Québec dans l'ère de la mobilité durable, le maire de Québec a encore des réflexes dignes des années 70.

Pourtant, le gouvernement du Québec semblait avoir signalé son intention de faire passer le Québec de l'ère du transport à l'ère de la mobilité durable. En plus de mettre en lumière l'étroite relation entre le transport et l'aménagement du territoire, deux consultations publiques menées ces derniers mois montrent le cul-de-sac qui se dessine tant sur les plans environnemental, social et économique si des changements ne sont pas réalisés dans un avenir immédiat.

L'autoroute n'est pas une solution pour les déplacements quotidiens. Loin de régler les problèmes de circulation, l'autoroute en crée! On sait depuis un moment déjà, recherches à l'appui, que l'augmentation de capacités autoroutières en milieu urbain entraîne une augmentation d'achalandage équivalente sur une période de 10 ans. En augmentent les capacités routières d'une agglomération, on soulage la circulation pour une période d'environ 5 ans, 10 ans dans le meilleur des cas! Ça ne semble pas très «durable» comme approche. Assurer nos déplacements collectifs avec toujours plus d'infrastructures routières, ça coûte cher à la longue! 

Régis Labeaume semble avoir oublié la circulation insoutenable au centre-ville de Québec pendant le festival d'été (imaginez avec un amphithéâtre en plus!). Il semble avoir perdu de vue son plan de mobilité durable, ce qui annonce la saturation de certaines artères principales de sa ville. 

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Par cette volte-face spectaculaire, M. Labeaume soulève une problématique plus profonde: le financement du transport au Québec. Il est beaucoup moins compliqué pour un maire d'axer le développement de sa ville le long de la force structurante de la route que celui du transport en commun. Les autoroutes et autres routes nationales sont financées et entretenues à 100% par le ministère des Transports alors que c'est de l'ordre de 50 à 100% pour les infrastructures de transport en commun. Ainsi, pour paver l'avenir à la mobilité durable, le gouvernement du Québec devra modifier cet équilibre.

Si Régis Labeaume avait mis la moitié de l'obstination qu'il a démontrée dans le dossier l'amphithéâtre pour doter Québec d'un système de transport collectif efficace (tramway ou autre), ce serait probablement fait! 

À Québec, on préfère rêver du retour des Nordiques, seul dans sa voiture, pendant les heures de pointe toujours plus longues, plutôt que de s'attaquer au problème de la circulation.