Alors qu'on a bien vite accusé les promoteurs de pipeline d'avoir récupéré la tragédie de Lac-Mégantic pour promouvoir leurs intérêts, on retrouve à l'opposé du spectre une certaine élite intellectuelle qui se sert de ce tragique évènement pour faire avancer leur propre agenda idéologique en faisant le procès du «néolibéralisme». L'opinion de M. Beaudoin Guzzo («Lac-Mégantic et le néolibéralisme», La Presse, 15 juillet) incarne bien cette récupération de la catastrophe au profit de la lutte au capitalisme. Suivant la logique de M. Beaudoin Guzzo, un système économique présentant une forte intervention de l'État dans l'économie devrait constituer un rempart contre les catastrophes industrielles.

Le capitalisme a le dos large

Alors qu'on a bien vite accusé les promoteurs de pipeline d'avoir récupéré la tragédie de Lac-Mégantic pour promouvoir leurs intérêts, on retrouve à l'opposé du spectre une certaine élite intellectuelle qui se sert de ce tragique évènement pour faire avancer leur propre agenda idéologique en faisant le procès du «néolibéralisme». L'opinion de M. Beaudoin Guzzo («Lac-Mégantic et le néolibéralisme», La Presse, 15 juillet) incarne bien cette récupération de la catastrophe au profit de la lutte au capitalisme. Suivant la logique de M. Beaudoin Guzzo, un système économique présentant une forte intervention de l'État dans l'économie devrait constituer un rempart contre les catastrophes industrielles.

De tels systèmes ont existé et existent encore aujourd'hui et pourtant, ils n'ont pas forcément réussi à empêcher les catastrophes. Tchernobyl, en ex-Union Soviétique, constitue un exemple parfait où l'exercice par l'État d'une activité industrielle à haut risque n'a pas empêché une catastrophe d'intervenir. Une explosion dans une raffinerie de l'entreprise d'État vénézuélienne PDVSA a fait 48 morts l'an dernier. L'entreprise d'État mexicaine de pétrole PEMEX a elle aussi connu des incidents mortels dans ses installations au cours des dernières décennies. Plus près de nous, le contrôle par l'État d'Hydro-Québec de la production et de la distribution de l'électricité n'a pas empêché le réseau de littéralement s'effondrer lors de la crise du verglas de 1998.

Qui plus est, ce même système capitaliste est en partie responsable de l'élan de générosité qui a suivi la catastrophe de Lac-Mégantic. En un rien de temps, plusieurs entreprises ont pu mobiliser des ressources pour collecter des fonds destinés à des organisations non gouvernementales, telle la Croix-Rouge, qui assurent réconfort et biens de première nécessité aux sinistrés. De plus, des outils technologiques créés par l'entreprise privée (Facebook, par exemple) ont facilité l'échange et la communication d'informations, permettant aux gens de savoir rapidement comment se portaient leurs proches.

Il est facile de se servir de Lac-Mégantic pour faire le procès du capitalisme. Dans la réalité, on constate malheureusement qu'aucun système politique ou économique ne peut garantir le risque zéro.

Louis-Benoit L'Italien-Bruneau, Urbaniste stagiaire

Grandir par la souffrance

Personne n'est indifférent devant la souffrance de la population dans cette tragédie du Lac-Mégantic. Dire que cela va déboucher sur quelque chose de bien est difficile à croire. Pourtant, l'histoire regorge dans le passé de récits de gens, ou de populations, qui se sont servis de leurs combats et de leurs blessures, de leurs pertes, pour réaliser des exploits. Sans l'épreuve qu'ils ont subie, jamais ils n'auraient pu atteindre cette profondeur d'âme, d'amitié humaine et de coopération exceptionnelle comme c'est le cas présentement.

La souffrance correctement gérée peut former une vie pour des choses plus grandes. À titre d'exemple, Pierre Lavoie est en train de transformer le Québec à la suite de la mort de ses enfants. Il existe des enseignements qui ne s'apprennent malheureusement que dans la douleur profonde, l'adversité totale et face et à un mur presque infranchissable.

Jean-Marc Girard, Jonquière

Trois petits tours...

Ils ont paradé, ils ont parlé, ils ont fait d'obscures promesses d'aide et puis ils sont repartis et on n'entend à peu près plus parler d'eux et surtout, absolument rien ne s'est passé. Je parle ici des conservateurs. Stephen Harper, Christian Paradis, Denis Lebel et Maxime Bernier sont tous passés par Lac-Mégantic. Alors que le gouvernement du Québec débloquait rapidement des fonds de 60 millions avec un minimum de bureaucratie, dont les sinistrés ont déjà commencé à recevoir le fruit, pendant ce temps les beaux parleurs conservateurs y sont allés de beaux discours dont on attend toujours les résultats. Je crois comprendre, et j'espère avoir tort, que le gouvernement fédéral n'a dans ses cartons que de l'aide pour des catastrophes naturelles; inondations, tornades et autres cataclysmes de type «Act of God». Mais voilà, Lac-Mégantic a de toute évidence connu un terrible sinistre accidentel de type «Act of Man». La bande de Stephen Harper pourrait-elle pour une fois faire preuve d'imagination et créer une forme d'aide inédite pour un désastre sans précédent?

René Lavoie, Québec