En 2011, l'ancien ministre de la Santé Yves Bolduc proposait de financer des sites d'injection supervisée pour les consommateurs de drogues. Le projet a dû être suspendu pour un moment pendant que le gouvernement fédéral déterminait les balises pour l'opération de tels sites.

Incessamment, nous saurons finalement ce qu'il en sera alors que le gouvernement du Québec a publié en avril ses balises pour les établissements de santé désirant offrir un tel service. Dans tout ce brouhaha bureaucratique, quelqu'un se demande-t-il pourquoi l'État devrait financer un tel service? 

Il n'y a pas de doute que les sites d'injection supervisée contribuent à protéger la santé publique: prévention des surdoses, réduction des seringues abandonnées dans des lieux publics et désintoxication d'individus. Mais quel en est le coût? Le site INSITE, en Colombie-Britannique, dépense 3 millions de dollars par année... pour sauver une vie! Ces proportions sont équivalentes à celles observées en Europe par l'organisme mandaté par la Commission européenne pour étudier le phénomène de la consommation de drogue. 

Il existe une alternative moins coûteuse: la décriminalisation des drogues (douces et dures), comme que le Portugal l'a démontré! En 2001, le pays a décriminalisé l'utilisation et possession de drogues à des fins personnelles. Il existe toujours une prohibition sur l'utilisation et la possession, mais ce n'est plus criminel; il s'agit simplement d'une offense administrative similaire à une amende de stationnement. 

Depuis ce temps, les cas de SIDA et de VIH parmi les toxicomanes ont chuté. Le nombre de consommateurs de certaines drogues a diminué au sein de plusieurs cohortes de la population portugaise. Le nombre de surdoses a aussi diminué de manière importante et les forces policières ont moins de ressources à y allouer. Ce qui impressionne davantage, c'est que ces progrès se sont réalisés alors que plusieurs pays européens - dont l'Espagne - voient présentement une augmentation de la consommation de toutes les formes de drogues.

Il y a une certaine incohérence dans les actions gouvernementales. D'une part, les gouvernements dépensent des fortunes pour sauver des vies qu'ils ont eux-mêmes mises en danger par la «lutte à la drogue». Des montants faramineux sont alloués à la répression policière pour la «guerre contre la drogue», qui réduit les ressources disponibles pour combattre d'autres crimes. 

Ensuite, comme une poule sans tête, les gouvernements luttent contre la consommation de drogues, créant le problème pour lequel ils acceptent de dépenser 3 millions de dollars par vie préservée. Une situation rendue encore plus ridicule par l'existence d'une alternative qui réduirait les dépenses publiques par vie préservée. 

Malheureusement, dans ce cas-ci, le ridicule tue.