Le PQ fait présentement la «promotion» de la souveraineté du Québec. Or, ce petit mot coutumier réfère souvent aux ventes au rabais printanières, à une chute des prix pour inciter les clients à acheter un certain nombre d'objets dont on veut se débarrasser afin de libérer un espace pour mettre des nouveautés sur les présentoirs.

Le mot «promotion» est sans doute mal choisi. Il aurait été préférable de parler de la «nécessité» de faire l'indépendance plutôt que d'en faire la «promotion». Car il y a des promotions, menées à coup de millions de dollars, qui ne changent rien. Qui plus est, certaines promotions visent moins l'intelligence des gens que le miroir aux alouettes.

La souveraineté d'un peuple n'est pas un produit à vendre, à offrir, à présenter comme une alternative à un autre produit. Si la souveraineté s'avère nécessaire, le peuple est suffisamment intelligent pour se la donner. S'il trouve que cette voie politique lui procura le bonheur collectif et la réponse à ses aspirations, il ira tout naturellement dans cette direction. On n'a pas à le lui dire; il est capable de s'en offrir les moyens et d'en choisir les avenues.

La souveraineté d'un peuple n'est surtout pas la chasse gardée d'une formation politique. Si un parti politique prend le risque d'en faire la promotion, il ne doit pas limiter à un vague étiquetage, à des panneaux réclames, à des capsules télévisées. Il doit présenter un plan global de l'opération; il doit chiffrer les grands pans du changement annoncé, parler des coûts, des avantages et des inconvénients de la mutation politique. Il doit sortir des slogans. Des amuse-gueules variés pour satisfaire ou attirer le plus de convives possible.

Le PQ affirme que l'indépendance rendra le peuple du Québec plus riche. Il peut l'affirmer, mais peut-il le prouver? Le PQ ose même officialiser sa promotion sans dire un seul mot de son partenaire négociateur, sans parler du partage de la dette, de la réutilisation du personnel, et tutti quanti.

Selon lui, c'est la fierté qui doit conduire le peuple du Québec à se donner un pays. C'est dire que ceux qui n'en veulent pas ne peuvent s'afficher au tableau d'honneur de ladite fierté. Fumisterie.

Ce n'est pas la fierté ni le goût d'une richesse plus grande qui doit conduire un peuple à l'indépendance. Certains peuples ont choisi, depuis la dernière guerre, de créer leur propre pays. L'unique raison invoquée était la liberté. Et c'est pourquoi aucun peuple libre, après son indépendance, malgré parfois une pauvreté anémique, n'a choisi de revenir en arrière et d'entrer à nouveau dans une maison qu'il avait volontairement quittée.

Le Québec doit se dire en son for intérieur: 1) veut-il l'indépendance présentement? (la réponse est non); 2) comme il ne la veut pas, il n'est donc pas prêt à la faire et il ne la fera pas même si les sbires du PQ en font la promotion avec l'argent du peuple; 3) comme il ne la veut pas, comme il n'est pas prêt à la faire, il ne veut pas en assumer les conséquences.

Il faudrait un Vaclav Havel au Québec. Mais il n'apparaît toujours pas dans notre paysage politique.