Qui se rappelle de Gretzky? Non, pas de Wayne, mais de Brent ou de Keith Gretzky, les deux frères de la Merveille. L'un a disputé 13 matchs dans la Ligue nationale de hockey et l'autre n'a pas eu la chance d'y évoluer.

Dans le sport, peu importe quel est le nom du protagoniste, le talent et les aptitudes finissent tôt ou tard par faire la différence entre la légende d'un héros passé et son nom de famille. En politique, il semble que ce soit une autre réalité. Justin Trudeau à la tête du Parti libéral du Canada en est une autre démonstration.

Prenons le cas de George W. Bush. Le nom «Bush» était déjà lié à la présidence américaine. Ce fut le cas des Kennedy, où Robert était la suite logique de John pour certains électeurs américains. Plus récemment, Hillary Clinton a semé l'espoir chez les démocrates. En d'autres termes, le nom génère une valeur inestimable en politique américaine. Bien sûr, les exemples précédents n'enlèvent rien aux qualités personnelles et professionnelles des candidats. Mais, le marketing «familial» est une des pierres angulaires de l'image politique.

Voilà une situation bien utilisée pour les films à Hollywood. Lorsqu'on n'a plus d'idée, on adapte un vieux film à la sauce du jour. En mode, on fait la même chose, on saisit une tendance populaire du passé et on produit des vêtements dits «vintage». Voilà, Justin Trudeau est le «vintage» du jour, sans les tempes grises. Ce que l'on pourrait appeler la stratégie Réjean Houle: on ramène une version édulcorée de Shayne Corson et Stéphane Richer à Montréal et on croise les doigts de gagner la coupe à nouveau (finalement, les retours de Corson et Richer à Montréal n'ont pas donné les résultats escomptés, quelle surprise!)

Mais la carrière politique de Justin Trudeau ne date pas d'hier. Elle est née à la mort de son père, il a alors intégré les rangs pee-wee. Il est devenu midget en fondant une famille avec une personnalité moyennement connue. Il a été rappelé par le club junior majeur une fois élu dans Papineau. Pour ensuite joindre le club-école, lorsqu'il a montré ses aptitudes à la boxe. Pour finalement devenir un premier choix au repêchage dimanche, lorsqu'il est devenu chef du Parti libéral du Canada.

Justin Trudeau porte virtuellement l'urne de son père. Pourtant, ce n'est pas que la dynastie qui explique sa victoire. Sa première chance: certaines gardes libérales, comme Jean Chrétien, semblent l'apprécier. Il est le septième chef des dix dernières années, les libéraux n'ont rien à perdre avec un jeune fougueux. Il représente un peu «l'idéal canadien», très loin du conservatisme américain et monarchique des conservateurs. Avec une certaine éloquence, sa culture, sa belle gueule et son bilinguisme, il ne nous ferait pas honte sur la scène internationale.

La place de Justin Trudeau à la tête du PLC est née d'une association qui a peu sa raison d'être. Avant son entrée en politique, le curriculum vitae de Justin Trudeau n'avait rien justifiant son élévation au rang de chef de parti. Si certains Canadiens ont voté pour Jack Layton parce qu'ils le trouvaient sympathique, il ne faudrait pas s'étonner de voir le jeune chef donner des cours d'image publique à ses adversaires.

Pour l'instant, les attentes sont élevées pour un parti flirtant avec le troisième ou le quatrième trio. Reste à savoir si Justin ne sera finalement qu'un Alexandre Daigle. Pour l'instant, il est très tendance de porter le nom d'un aéroport, «just watch him».