Marianne, tu affirmes que, dans son ensemble, les punitions ne donnent rien et que seuls les témoins qui voient l'intimidation peuvent changer les choses. Permets-moi d'être en désaccord, en partie, avec toi et de te proposer une démarche gagnante.

Oui, dans un monde idéal, si tous les témoins parlaient, les choses s'amélioreraient à coup sûr. Malheureusement, ces témoins ne parlent pas ou très peu. Pourquoi? Parce qu'ils ont tout simplement peur de parler, eux aussi, ne voulant aucunement vivre, à leur tour, cette intimidation.

D'où ma certitude: il faut absolument que cette intimidation vécue par un élève soit dénoncée et connue du plus grand nombre d'adultes possible.

Quand j'ai mis sur pied mon projet Cercle du Mieux-Être, j'ai fait le tour de toutes les classes, regroupées par niveau, de la 1re à la 5e secondaire, pour échanger avec les élèves et les informer du projet qui se voulait une réponse au problème d'intimidation scolaire que vivaient certains élèves de l'école. J'y encourageais fortement les élèves intimidés et les témoins possibles à dénoncer toute intimidation. J'avertissais ainsi les élèves intimidateurs de ce qui les attendait, advenant qu'ils poursuivent leur intimidation. Les parents étaient également informés de ce projet par le conseil d'établissement de l'école.

Aussitôt une intimidation connue de ma part, je rencontrais l'élève intimidé, l'élève intimidateur et les témoins possibles. J'informais les parents et les enseignants des élèves concernés et je demandais à un intervenant scolaire de rencontrer chacun des élèves en question, pour un suivi d'aide personnel. Plusieurs cas d'intimidation ont cessé, dès cette première étape.

Si l'élève intimidateur refusait de coopérer, ou si, après avoir accepté, l'intimidation se poursuivait, il était suspendu pour 10 jours scolaires, avec un retour obligatoire avec ses parents et une obligation de poursuivre un suivi d'aide personnel avec un intervenant scolaire. De plus, avant de réintégrer ses cours, l'élève intimidateur et ses parents devaient obligatoirement se présenter à une rencontre de groupe, à laquelle participaient également l'élève intimidé et ses parents, l'enseignant-tuteur de chaque élève concerné, un intervenant scolaire et, si possible, un policier, autour d'une table ronde.

Lors de cette rencontre, où chacun pouvait s'exprimer avec respect, l'élève intimidateur était avisé que s'il poursuivait son intimidation, il serait alors suspendu pour une durée indéterminée, et qu'une demande d'expulsion de l'école serait alors faite auprès de la commission scolaire. De plus, dans un tel cas, l'école pouvait encourager fortement les parents de l'élève intimidé à déposer une plainte officielle auprès de la police municipale.

Toute cette démarche se veut évolutive (l'intimidation peut arrêter à tout moment de la démarche), informative (informer le plus d'adultes possibles de l'intimidation vécue, ces personnes devenant autant de paires d'yeux, de témoins, qui observent et qui peuvent intervenir), imputable (on offre à l'élève intimidateur de changer d'attitude, avec de l'aide, mais s'il ne le fait pas, il doit alors s'attendre à des conséquences), mais aussi très positive, en ce sens qu'une aide personnelle est offerte dès le début, autant à l'élève intimidé et ses parents, qu'à l'élève intimidateur et ses parents.

Un élément essentiel à la réussite de cette démarche: la direction d'école se doit d'en être le maître d'oeuvre et d'agir le plus tôt possible, dans le respect et le mieux-être de chacun.