Depuis quelques jours, il y a une vive discussion concernant le décès d'un candidat qui participait à la célèbre (du moins en France) émission Koh-Lanta, téléréalité très exigeante et très «dure», copiant partiellement la fameuse émission américaine Survivor.

Pour aller plus loin dans le stupéfiant, on nous apprend que le médecin chargé de s'assurer de la bonne santé des «gladiateurs» s'est suicidé. Nombreuses étaient les personnes qui considéraient qu'il était responsable de la tragédie mortelle, ce qu'il contestait.

Déjà, en 2010, je soulignais dans une opinion publiée à Cyberpresse le rapport pervers qui s'établit assez souvent entre des émissions de téléréalité, très sensationnalistes, et une sorte d'appétence sournoise et perverse pour la mort.

Les gladiateurs d'antan semblent revenus (pas dans toutes les émissions) et on peut, sans exagérer, parler d'un flirt permanent avec la mort. Tout cela pour avoir de bonnes cotes d'écoute.

L'émission Koh-Lanta est diffusée en France, sur TF1, depuis août 2001. Le nom Koh-Lanta est celui d'une île thaïlandaise qui porte ce nom, ce qui signifie, en français «l'île aux millions d'yeux». Les millions d'yeux peuvent facilement être liés à la téléréalité puisque ce qui caractérise les émissions les plus significatives de ce genre télévisuel, c'est la surveillance permanente: il y a des yeux partout.

Faramineuses étaient les cotes d'écoute. Parfois l'émission a réalisé 29,9% de la part d'audience et, cette année, il y avait souvent 7,4 millions de téléspectateurs.

L'émission, inspirée par Survivor, était quand même très différente de cette dernière. Les épreuves étaient rudes et exigeantes. Les candidats devaient obligatoirement être en pleine forme physique (et mentale). Un médecin était présent lors de la sélection des candidats et pendant toute la durée de l'exercice. Cette année, le lieu de tournage et d'exécution (?) était le Cambodge.

Ces morts, celles du candidat et du médecin, n'étaient assurément pas souhaitées. Mais lorsque l'on flirte avec la mort toujours possible, il se peut que certains gladiateurs n'en reviennent jamais.

Alors, je me permets de poser une gravissime question, dans le sillage de celle qui a été posée par le grand philosophe Michel Serres: nous dirigeons-nous vers le sacrifice humain en direct?