M. Pierre Lapointe, je viens de lire votre lettre et permettez-moi d'emblée de vous dire que cette sortie de votre part est une tempête dans un verre d'eau. Je ne me penche pas sur la relation que vous entretenez avec le Parti libéral du Québec, ces réserves vous appartiennent.

Pour ce qui en est que vous soyez outré que l'on ait fait jouer votre pièce durant une course à la direction, vous devriez en être ravi. J'imagine le nombre d'artistes de l'ombre qui envient votre popularité et aussi votre visibilité. De ces deux aspects, je ne critique nullement la façon avec laquelle vous les utilisez.

Une oeuvre est certes protégée par des droits d'auteur et cela, je le défends farouchement. En effet, il est triste pour un auteur que l'on utilise son oeuvre sans sa permission. L'expression de l'oeuvre et sa diffusion générale n'appartiennent pas à l'artiste, bien que ce dernier touche des royautés quant à la vente et aux passages sur divers supports, on ne peut limiter à l'infini l'expression en question. Je pourrais me boucher les oreilles quand j'entends une de vos chansons, mais je ne pense pas qu'un artiste peut avoir un tel contrôle. Un artiste est supposé exprimer la liberté.

Si je ne m'abuse, et surtout à la lecture de votre lettre et à la réplique du PLQ, on a diffusé votre chanson dans une période de temps mort pour meubler le silence. Votre chanson n'a pas servi à mousser un candidat ou à appuyer une quelconque idéologie, à cela je comprendrais et partagerais votre colère.

Je reviens au fait que vous devriez être ravi que votre oeuvre soit entendue lors d'une course à la chefferie d'un parti. C'est un signe d'intérêt et d'encouragement face aux artistes québécois. Il est de notoriété publique que la musique était une préoccupation plus que secondaire jusqu'à tout récemment chez les libéraux. Plusieurs se souviennent que la musique diffusée durant les années 1970 à 1990 dans les regroupements libéraux était de genre disco. Ça ne fait pas très québécois.

Que des libéraux provinciaux s'intéressent à des oeuvres d'artistes de chez nous se doit d'être accueilli avec fraîcheur. C'est aussi les gouvernements libéraux qui ont fait énormément pour la reconnaissance de divers statuts de l'artiste. Qu'un parti politique provincial honore de quelque manière que ce soit un artiste du Québec devrait être reçu avec enthousiasme, car venant de partis susceptibles de nous gouverner, c'est plutôt rare.

Je tiens à vous préciser que je ne suis pas membre du Parti libéral du Québec, pas plus que je ne l'ai jamais appuyé, et encore moins que j'aie voté pour ce parti.

Je tiens aussi à vous féliciter pour l'ensemble de votre oeuvre car vous êtes un de nos plus grands ambassadeurs de la chanson, et cela je le dis sans flagornerie.