Bien que je ne sois âgé que de 31 ans, j'ai participé à plusieurs transactions immobilières, autant professionnellement que personnellement. D'ailleurs, en ce moment même, je vends une propriété et en magasine une nouvelle. Devant cette situation, je constate à quel point le domaine du courtage immobilier est présentement en pleine mutation.

Malgré la récente réforme du courtage immobilier, les courtiers ne se sont pas encore adaptés à la réalité d'aujourd'hui. À une époque pas si lointaine, il était pratiquement impossible de magasiner une propriété dans le confort de son salon. Dès lors, les courtiers avaient un rôle essentiel afin d'établir les besoins du client et de faire la recherche pour ce dernier. Ainsi, la charge de travail était considérable, autant en terme de recherches que de visites sur le terrain. Il était alors tout à fait justifiable d'établir des honoraires autour de 6%, d'autant plus que la valeur des propriétés était beaucoup plus basse qu'aujourd'hui.

De nos jours, le client a accès à une multitude de sites qui permettent de visiter virtuellement des propriétés. De ce fait, n'étant jamais aussi bien servi que par soi-même, celui-ci effectue le «débroussaillage» lui-même et prend donc en charge une très grande partie du travail. Cela, sans compter que la valeur des propriétés a littéralement explosé depuis 15 ans. En bref, il m'apparaît injustifiable de garder le cap sur des honoraires d'environ 6%.

Les transactions en ligne croissent d'année en année. L'immobilier n'y échappe pas. Des sites tels DuProprio et ViaProprio sont voués à un très bel avenir et leur croissance le démontre de façon éloquente. Cependant, ces sites, bien qu'efficaces, ne sont pas un succédané absolu aux courtiers. Plusieurs facteurs empêchent une proportion importante de la population de transiger via ce mode.

Ainsi, le courtier immobilier a toujours sa place, d'autant plus qu'une formation est maintenant obligatoire pour obtenir un permis. Cela permettra en même temps d'éliminer graduellement une quantité importante de courtiers d'une compétence discutable et qui ternissent l'image de la profession.

Par contre, dans ma vente actuelle, bien que j'aurais préféré me prévaloir des services d'un courtier, j'ai choisi de faire affaire avec un site transactionnel. Ma décision s'explique du fait que je suis en mesure de faire l'ensemble des tâches que requiert la transaction et que le site sélectionné me donne la visibilité nécessaire (le nerf de la guerre) pour une fraction du tarif d'un professionnel. Cependant, pour certaines tâches, j'aurais préféré bénéficier des conseils et services d'un courtier.

Tout de même, je considère que les professionnels de l'immobilier n'ont pas su adapter leurs pratiques en fonction des nouvelles réalités de leur secteur. Par exemple, si ceux-ci rendaient disponible une tarification forfaitaire détaillant des services précis, ils pourraient reconquérir une part du marché. C'est d'ailleurs la force des sites transactionnels. Également, cela pourrait les mettre à l'abri des aléas cycliques du marché et leur assurerait des revenus, peut-être plus faibles, mais certainement plus constants. Lors de ma dernière transaction, le premier visiteur avait acheté. J'ai été soulagé de 11 000$ pour environ six heures de travail du courtier (qui était par ailleurs très compétent). Cette fois, j'ai décidé de tenter ma chance, car avec une tarification de 6%, les services d'un courtier me coûteraient 15 570$ de commission, 17 942$ avec les taxes.

En conclusion, le métier de courtier est un rouage important de l'activité immobilière. Cependant, une adaptation rapide s'impose. L'envoi de bloc-notes par les courtiers avec leur plus belle posture et les messages téléphoniques préenregistrés sont des tactiques de marketing d'une époque révolue.