Il est 7h45, et nous sommes sur la ligne verte en direction Honoré-Beaugrand. Il me reste 45 minutes avant de commencer le travail et j'ai le sourire aux lèvres, car je sais que j'aurai le temps de prendre mon café matinal tranquillement près de la tour de bureaux de ma banque en suivant les actualités financières de la journée.

Soudain, une voix féminine raisonne dans le wagon, demandant poliment aux passagers de descendre à la prochaine station à cause d'une interruption de service d'une durée indéterminée. Mon premier réflexe: je vais attendre un peu sur le quai en espérant que le problème se résorbe en quelques minutes. Quinze minutes plus tard, je perds espoir et j'entreprends de me faufiler dans la foule et de quitter la station d'un pas déterminé afin d'essayer de prendre un autobus qui me déposera à une distance raisonnable du travail.

Une fois dehors, je réalise que je ne suis pas le seul zélé à quitter le métro: la file d'attente devant l'arrêt d'autobus est si longue qu'il faudra plusieurs passages avant de pouvoir monter. Il est déjà 8h05. Ma nature impatiente prend le dessus et je décide d'interpeller le premier taxi qui passe. Il fait moins 26 degrés dehors et je ne compte pas arriver au travail avec des engelures. Le trajet m'aura coûté 15$. Je remercie chaleureusement le chauffeur et j'entre au travail à 8h20. Ouf! J'ai maintenu ma ponctualité.

L'ironie de cette histoire? Je ne prends presque jamais le métro.

Ce matin-là, exceptionnellement, mon auto est en réparation. Je n'ai donc pas le droit de me plaindre. Mais j'écris cette opinion au nom des Montréalais, dont plusieurs de mes amis, qui n'ont d'autres choix que de prendre le métro quotidiennement pour se rendre au travail et qui paient souvent très cher leur passe mensuelle lorsqu'ils vivent en dehors de l'île de Montréal.

Seulement la semaine dernière, trois pannes de métro sur la ligne verte ont pénalisé des milliers d'usagers. En pleine heure de pointe. Les alternatives sont peu nombreuses et le retard au travail est quasi inévitable. Le retard mêlé à l'énervement matinal affecte l'humeur et la productivité des travailleurs. Sans compter le prix de plus en plus élevé qu'ils paient chaque mois pour un service qui devrait être garanti. D'ailleurs, je n'ai jamais entendu parler de remboursement chez la STM.

Il n'y a eu aucune amélioration du service malgré les hausses substantielles des tarifs ces dernières années. À 26 ans, je dois maintenant payer 77$ par mois si je veux une passe mensuelle dans l'île de Montréal, et ce tarif n'a cessé d'augmenter de deux à trois dollars par année depuis 10 ans. Avec cette inflation incontrôlée des prix du transport public, on se croirait dans une station d'essence!

Je n'ai rien contre le fait payer davantage pour suivre le coût de la vie. Mais rien que pour le mois de janvier, le métro a connu plus de 60 interruptions de plus de cinq minutes, obligeant les usagers à patienter, ou bien à trouver d'autres moyens, souvent dans un froid glacial.

On ne peut exiger du citoyen de continuer à payer aussi cher pour un service aussi peu fiable. Que ce soit les pannes de courant, les freins d'urgence, ou les portes de métro bloquées, il est de la responsabilité de la STM de s'assurer que ces éléments ne puissent affecter le réseau qu'en cas d'urgence véritable.

Sinon, je propose que la STM revoie ses tarifs à la baisse afin de laisser plus d'argent dans nos poches quand viendra le temps de reprendre un autobus de dépannage ou le taxi. Ces frais exorbitants sont de moins en moins justifiables, surtout dans ce contexte de corruption dévoilée...