La Cour d'appel du Québec a rejeté la demande d'un groupe de femmes qui demandait d'augmenter les pensions alimentaires pour enfants en les alignant sur les barèmes fédéraux plutôt que sur ceux du Québec. Pour le bien-être de l'ensemble de la famille éclatée, il faut souhaiter que la Cour suprême confirme le jugement de la Cour d'appel.

En effet, il ne faut pas oublier que le désir premier des enfants du divorce est de garder le contact affectif avec les deux parents et que de voir leurs parents s'entredéchirer ne fait qu'augmenter leur douleur de vivre l'éclatement de leur cellule familiale.

Il est vrai que les tables des barèmes québécois laissent plus de ressources au père, surtout s'il s'implique, ou devrait-on dire si on lui laisse la chance de s'impliquer davantage avec ses enfants qu'une fin de semaine sur deux. Elles sont moins discriminatoires que les tables fédérales puisqu'elles calculent que la mère devrait elle aussi contribuer selon son revenu. Elles incitent moins un parent à demander la garde des enfants d'abord pour recevoir la pension alimentaire de l'ex.

On oublie trop souvent qu'en confinant le père à un rôle de « mononcle » de fin de semaine et de guichet automatique, celui-ci décroche tranquillement de ses enfants et diminue la fréquence des contacts. On détruit en lui tout l'aspect « père » pour lui faisant croire en cour que d'être un « parent non gardien responsable », c'est uniquement de verser une pension alimentaire. Avec la conséquence qu'on oblige les enfants non seulement à vivre la fin de leur cellule familiale, mais en plus, on les force bien malgré eux à divorcer de leur père.

Si en plus, en augmentant la valeur monétaire de la garde exclusive, on augmente les incitatifs pour offrir le spectacle dégradant d'une guérilla mère versus père, comment peut-on affirmer travailler à l'intérêt des enfants? Moi, j'aurais une petite gêne.

Cette nouvelle tentative d'utiliser les enfants pour en soutirer plus à l'ex-conjoint s'inscrit dans la lignée des nombreux préjugés concernant les acteurs du divorce :

- Si le père demande la garde partagée, c'est évidemment parce qu'il ne veut pas payer de pension alimentaire, alors que la mère demande la garde complète par amour pour ses enfants;

- Plus on donne d'argent aux enfants du divorce, plus ils seront heureux;

- Le père est de mauvaise foi, alors il faut le contraindre par un ordre de la cour à payer un certain montant pour ses enfants puisqu'il ne contribuera pas de façon volontaire, alors qu'il n'est pas nécessaire de contrôler si la mère utilise bien la pension alimentaire pour ses enfants et non pour son bien-être personnel, puisque celle-ci est toujours de bonne foi. D'où l'expression « être plus généreux » lorsqu'on enlève l'argent au père pour en donner la gestion à la mère;

- On ne peut forcer une garde partagée puisque si la mère demande le divorce, c'est évidemment parce qu'elle est victime du vilain mari qui était violent ou bien courait la galipote.

Si on tente d'observer la situation d'un point de vue juridique, si nos élites judiciaires ont vraiment à coeur l'intérêt des enfants du divorce, pourquoi ne mentionnent-elles pas l'article 39 qui dit: «Tout enfant a droit à la protection, à la sécurité et à l'attention que ses parents ou les personnes qui en tiennent lieu peuvent lui donner.». Est-ce qu'un avocat a déjà mentionné en cour qu'en transformant le père en guichet automatique, vous privez les enfants des droits auxquels ils auraient normalement droit avec l'article 39 ?

J'exhorte donc l'industrie du divorce à commencer à changer les mentalités et à travailler réellement au bien-être des trois principaux acteurs du divorce, soit les enfants, la mère et le père. Les générations futures méritent mieux que ce que nous avons offert ces dernières années à nos enfants.