Chaque enfant est unique. Chacun a sa personnalité, ses talents et ses intérêts particuliers. Chacun possède un potentiel qui ne demande qu'à se révéler, aussi singulier soit-il. La réalisation de ce potentiel est un gage d'avenir pour lui et pour toute la société. Or, force nous est de constater que les enfants n'ont pas tous les mêmes chances.

Les données à ce sujet sont révélatrices. La réussite éducative est intimement liée aux conditions de vie des enfants. À preuve: selon le Rapport sur l'état de santé de la population du Québec (2007), les enfants de milieux défavorisés sont de trois à quatre fois plus nombreux à accuser des retards scolaires au primaire et au secondaire, deux fois plus nombreux à éprouver des problèmes d'apprentissage et trois fois plus nombreux à présenter des troubles graves de comportement au secondaire. Ils sont également moins nombreux à obtenir leur diplôme d'études secondaires.

À la lumière de ces données, le décrochage scolaire n'est pas une fatalité déterminée à la naissance, ni le fait d'une absence de talents, comme le laisse entendre Stéphane Lévesque dans une lettre d'opinion publiée dans La Presse du 12 janvier. Aucun enfant n'est totalement démuni.

Même si les enfants ne sont pas tous appelés à faire des études universitaires, chacun mérite que l'on fasse tout ce qu'il faut pour l'aider à se réaliser pleinement ou au moins pour réduire les obstacles qu'il rencontre dans son cheminement. Il ne mérite surtout pas que l'on conclue dès son enfance ou son adolescence que l'école n'est pas pour lui et qu'il lui est impossible d'obtenir un diplôme et une qualification à la hauteur de ses capacités et de ses intérêts.

Il est possible de favoriser la réussite éducative dès la petite enfance. Nous savons que la capacité d'un enfant à atteindre les objectifs du programme d'enseignement primaire est grandement tributaire des acquis de ses premières années de vie, notamment la motricité, le respect des autres, l'intérêt pour la lecture, la capacité d'attention et la capacité à communiquer.

Nous pouvons aussi agir sur la persévérance durant le parcours scolaire, par exemple en valorisant l'éducation, en aidant les parents, en offrant les conditions d'apprentissage les plus efficaces, en soutenant les élèves en difficulté, en consolidant l'estime de soi à l'école, en encourageant la conciliation études-travail ou en favorisant les saines habitudes de vie.

Les parents, le service de garde à l'enfance et l'école jouent un rôle primordial en matière de réussite éducative. Mais le développement de l'enfant doit aussi mobiliser tous les secteurs de la société: communautaire, municipal, économique, gouvernemental et philanthropique.

Il faut aussi soutenir les initiatives partout au Québec et accorder une attention particulière aux milieux défavorisés, là où les besoins sont les plus criants et où les solutions novatrices et le leadership doivent se déployer en priorité. L'action doit passer par le soutien à la petite enfance et la priorisation de la persévérance scolaire ainsi que la prévention de la pauvreté.

Ce grand projet de société mobilise déjà des milliers d'organismes dans toutes les régions du Québec: services de garde, écoles, municipalités, organismes communautaires, instances régionales de concertation, centres jeunesse, services sociaux, services de santé, syndicats et entreprises. Les résultats sont encourageants. Et, comme les enfants, il ne nous faut surtout pas lâcher.

*Nicolas P. Arsenault, Isabel Auclair, David Birnbaum, Gabriel Bran Lopez, Lyse Brunet, André Chagnon, Claude Chagnon, Marie-Claude Côté, Pierre Côté, Éric Demers, Michèle Fortin, Pierre Fortin, Claude Gagnon, Pâquerette Gagnon, Daniel Germain, Sophie Harnois, Jean-Pierre Hotte, Michel Janosz, Pierre Lavoie, Fernande LeBlanc Sénéchal, Stéphan Lenoir, Andrée Mayer-Périard, L. Jacques Ménard, Réjean Parent, Lili-Anna Perea, Michel Perron, Christine Richard, Gaston Rioux et Raynald Thibeault.