Pour la huitième fois de l'histoire de Cooperstown et la première fois depuis 1996, aucun joueur n'a été admis au Temple de la renommée du baseball. Les quelque 600 membres de l'Association des chroniqueurs de baseball d'Amérique ont jugé bon que cette année marque le fameux astérisque sur toute cette ère des stéroïdes. Aucun candidat n'a obtenu les 75% des suffrages nécessaires à son intronisation.

Le message est indubitablement passé, la punition a été servie, passons maintenant à la raison. Le Temple de la renommée sans Barry Bonds et sans Roger Clemens serait une abomination!

La question de savoir si tous ces joueurs qui ont été boudés étaient dopés n'est pas importante. À l'époque, les produits dopants n'étaient même pas bannis. Pis encore, le baseball majeur le savait et s'en foutait. Les journalistes savaient et s'en foutaient. Le public aussi savait et s'en foutait. Aujourd'hui, toute une belle gang d'hypocrites!

On leur reproche d'avoir entaché l'intégrité du sport, alors qu'on a la mémoire courte en oubliant que ce sont eux qui ont sauvé le baseball après la grève éhontée de 1994. Tout le monde était bien excité par tous ces circuits flamboyants et par la fameuse course effrénée entre Mark McGwire et Sammy Sosa, lors de leur quête au record de 61 circuits de Roger Maris en 1998.

Ce n'est qu'à la suite de la publication du livre Juiced de Jose Canseco que la ligue, son commissaire Bud «autruche» Selig et l'association des joueurs, menée par le tout aussi hypocrite Donald Fehr, ont dû bouger. À cette époque, l'association des joueurs faisait parvenir dans les vestiaires une liste des produits bannis et une autre des produits qui n'étaient pas testés...

Néanmoins, la biographie de Canseco a d'abord mené à une enquête, puis au rapport Mitchell. Le tout suivi du Congrès fédéral qui fera époque comme figure de chasse aux sorcières, comme l'avaient été les congrès de Joseph McCarthy à l'ère de la chasse aux communistes.

Aujourd'hui, rien ne sert à jouer à la vierge offensée. Le baseball majeur se porte mieux avec les nouvelles politiques antidopage, les amateurs peuvent enfin entendre parler de baseball en tant que sport. Ç'a toutefois pris des années avant que Selig ne daigne ouvrir les yeux.

Le vote de cette année a ceci de pernicieux qu'il met tout le monde dans le même panier. La légitimité des performances de n'importe quel frappeur de puissance de la fin des années 90 et du début des années 2000 a déjà été remise en question.

Comme le veut l'adage, trop, c'est comme pas assez. En ce sens, la ligue devrait revoir sa politique antidopage. À l'heure actuelle, un joint ou un sirop pour la toux équivaut à autant de matchs de suspension que des stéroïdes.

Stéroïdes, hormones de croissance ou pas, bien des joueurs boudés cette année ont dominé leur époque. Et à ce que je sache, les stéroïdes ne donnent pas le don de lancer des prises. Surtout pas des prises de qualité, celles qui touchent les coins de la zone des prises. Ils ne permettent pas non plus d'avoir une coordination main-oeil qui permet de frapper des balles en lieu sûr lancées à 95 milles à l'heure. Le baseball est sans contredit le sport le plus stratégique qui soit, un sport qui requiert un mélange de puissance, d'adresse et de rapidité. Il n'y a pas de pilule qui combine ces talents-là!

Néanmoins, je respecte le processus d'intronisation de Cooperstown. Seuls les plus grands y sont admis. À mon sens, un temple de la renommée est un lieu d'histoire et, qu'on le veuille ou non, l'ère des stéroïdes fait partie de l'histoire du baseball. Alors, que les plus fameux artisans de cette époque y soient introduits en ces termes.