La vidéo de 99%Média est-elle un montage malhonnête, comme le prétendait l'autre jour à une émission de radio le maire de Saint-Bruno, Claude Benjamin, ou bien l'utilisation abusive que fait ce dernier des forces policières a-t-elle pour but de museler toute forme d'opposition au pouvoir en place à l'hôtel de ville?

Voilà plus de deux ans qu'un groupe de citoyens, dont je suis, tente d'établir un dialogue avec ce maire quant à la destruction prévue d'une forêt mature adjacente au parc de conservation du Mont-Saint-Bruno. Mais Claude Benjamin a toujours refusé de nous rencontrer alors que, dans le même temps, il accueillait le promoteur et sénateur libéral Paul J. Massicotte, l'homme dont le projet est de construire dans ce bois une trentaine de résidences cossues.

Nous nous sommes donc rendus aux séances du conseil de ville afin de poser des questions au maire, et chaque mois, nous avons été reçus par un Claude Benjamin aux manières arrogantes et cavalières, ennuyé qu'il était de voir son autorité contestée de la sorte.

Affichant un visage impatient, répondant à côté de nos questions, ou n'y répondant pas, le maire, si l'un de nous s'aventure à reposer sa question ou à insister pour obtenir une vraie réponse, fait illico appel à la police, un peu comme à sa garde prétorienne, pour qu'elle expulse le fâcheux.

Au fil des mois, de plus en plus de citoyens ont rejoint notre regroupement qui recherche encore un espace de discussion avec Claude Benjamin. Mais en dépit de cela et de l'appui de la Fondation David Suzuki, du mouvement écologique Greenpeace et de Nature Québec, pour ne nommer que ceux-là, nous nous sommes systématiquement heurtés au mutisme buté du maire de notre ville.

Déçus par l'absence d'écoute et de transparence de l'administration en place, nous avons ressenti parfois de la frustration. Or, en dépit de cette frustration, jamais n'en sommes-nous venus aux mains ni avec le maire ni avec qui que ce soit de son équipe. De plus en plus de citoyens de Saint-Bruno en ont donc assez de lire ou d'entendre de la bouche du premier magistrat, ou de ses subordonnés, que durant les conseils de ville «des citoyens hurlent, blasphèment et font des doigts d'honneur en ne respectant aucune règle», parce qu'ils savent, tout comme le maire lui-même, que cela ne s'est jamais produit.

«Quand allez-vous vraiment nous répondre?» ou «Vous nous mentez, monsieur le maire!» sont les pires phrases sorties de la bouche de citoyens présents aux séances du conseil, et ce, avant qu'ils ne se fassent expulser par les agents de la paix.

Au Québec comme ailleurs, l'utilisation des forces de l'ordre, on le sait, fait maintenant partie de l'arsenal privilégié des petits et grands potentats quand ils se font contester. Opposez-vous aux décisions de l'administration en place, osez questionner ses motivations ou ses intérêts réels, mettre en doute son intégrité ou critiquer son absence de vision en matière, par exemple, de gestion du territoire, et on décrétera que vous constituez un danger pour la sécurité, et que vos gestes et paroles intolérables sont des actes de rébellion voire de terrorisme visant l'ordre établi.

Et alors, bien sûr, bonjour la police!

Qui veut noyer son chien dit qu'il a la rage. Trafiquer la réalité, exagérer les mots et les gestes, exacerber la peur, tout est bon afin de justifier l'injustifiable en matière de répression. Il y a un terme pour cela: manipulation.