Le principal enjeu pour l'année 2013 sera de réinventer le «modèle québécois» et de repenser nos façons de faire à partir de valeurs d'intégrité, de transparence et de convergence.

Notre modèle de société, inspiré de valeurs humanistes à la sauce scandinave, a pris un coup de vieux ces dernières années. Nous arrivons à un stade où il faut faire tomber le mur corporatiste, dominé par le «chacun pour soi», le gaspillage de fonds publics et l'affaiblissement de nos institutions publiques et privées.

Pensons à notre haut niveau d'endettement, à l'inefficacité de certains services publics et surtout à la gangrène de la corruption et de la collusion. À qui la faute pour un tel laisser-aller? Comment renverser la vapeur et profiter du chaos actuel pour redresser la situation?

Selon la communauté des affaires, le modèle québécois est en déclin, nous serions trop taxés, peu productifs et surtout pas assez créateurs de richesse. En d'autres mots, nous serions trop dépendants de l'État-providence, en nous offrant des services publics chromés, inefficaces et bureaucratiques.

Toutefois, Québec inc. refuse encore de voir l'éléphant dans la pièce, à savoir le système à grande échelle de corruption et de collusion dans les contrats publics. Tabous, jeu de cache-cache, le monde des affaires québécois tend à se déresponsabiliser totalement du détournement de plusieurs milliards de fonds publics et attend patiemment derrière une armée d'avocats, la façon de contourner ou de rendre inopérantes les nouvelles lois sur l'imputabilité, l'intégrité et la transparence.

La question qui tue: peut-on faire converger la culture d'affaires au Québec avec l'intérêt public? Si oui, comment?

Vu sous un autre angle, le modèle québécois serait aussi en déclin parce qu'il est attaqué de toutes parts, notamment par le courant du ras-le-bol de gaspillage de fonds publics et du haut taux de taxation. Le «nous québécois» est devenu le «chacun pour soi» de la classe moyenne qui, tout en critiquant nos services publics désirent les maintenir, mais en modulant la tarification selon les revenus de chacun.

Ainsi, le dégel des droits de scolarité est devenu, avec les contestations du printemps érable, un enjeu de société où se confrontent des modèles divergents. La tarification de nos richesses naturelles représente également un autre enjeu de société, entre le «nous» et le «je». Qui en assumera le contrôle et comment définir le bien commun?

Une autre question qui tue: peut-on faire converger la culture du «chacun pour soi» et du «nous québécois», afin d'établir des règles équitables de répartition de la richesse tout en évitant le favoritisme et le dérapage dans la gestion des fonds publics? Si oui, comment?

Le sommet sur l'enseignement supérieur et la consultation sur la tarification de nos ressources naturelles, prévus au début de l'année 2013, serviront d'indicateur sur nos capacités à faire tomber le mur corporatiste québécois dominé par le «chacun pour soi». Pour paraphraser un célèbre président américain, «cessez de demander ce que la société peut faire pour vous, mais demandez-vous plutôt ce que vous pouvez faire pour la société».