La Presse du 24 décembre nous annonçait une nouvelle étonnante. L'archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine, estime « qu'il faut des écoles privées confessionnelles pour aller au bout de la foi et de son impact pédagogique ». Il ajoute même qu'il y a à cet égard « un chantier en cours ». Après tout, dit l'archevêque, il existe bien des écoles juives et musulmanes.

Ce qui étonne surtout, c'est que ce réseau d'écoles privées catholiques existe déjà, et depuis longtemps. J'en énumère quelques-unes de mémoire à Montréal seulement :

Le collège Notre-Dame (frères de Ste-Croix), Régina Assumpta, (congrégation Notre-Dame), la villa Ste-Marcelline et le Collèges Ste-Marceline ( les Marcellines), collège St-Jean-Eudes (les Eudistes), collège de Montréal (les Sulpiciens), le Mont-St-Louis (frères des Écoles chrétiennes), le collège Jean-de-Brébeuf (d'inspiration jésuite), le Mont-Jésus-Marie (soeurs Jésus-Marie), Villa-Maria (Congrégation Notre-Dame).

Alors de quoi veut parler l'archevêque? De nouvelles écoles privées créées auxquels il aurait formellement reconnu un statut catholique selon les règles prescrites par l'article 803 du code de droit canonique?

1. On entend par école catholique celle que dirige l'autorité ecclésiastique compétente ou une personne juridique ecclésiastique publique, ou que l'autorité ecclésiastique reconnaît comme telle par un document écrit.

2. L'enseignement et l'éducation dans une école catholique doivent être fondés sur les principes de la doctrine catholique; les maîtres se distingueront par la rectitude de la doctrine et la probité de leur vie.

3. Aucune école, même si elle est réellement catholique, ne portera le nom d'école catholique si ce n'est du consentement de l'autorité ecclésiastique compétente.

On sait par ailleurs depuis longtemps que les parents ne  choisissent pas les écoles précitées pour que, selon la formule de l'archevêque, leurs enfants aillent « au bout de leur foi ». En matière de foi, ils sont représentatifs des catholiques québécois en général, c'est-à-dire largement sécularisés. Ils choisissent ces écoles parce qu'ils estiment que leurs enfants seront mieux encadrés et que leurs chances de réussite seront meilleures.

Le nouvel archevêque de Montréal rêve peut-être de créer avec de nouvelles écoles privées qu'il contrôlerait bien et où seraient regroupées les enfants de parents « réellement catholiques ». Des « serres chaudes », quoi!

Un de ses prédécesseurs, le cardinal Paul Grégoire, avait rêvé de former des maîtres « réellement catholiques » et il a fondé à cette fin l'Institut catholique de Montréal. Ce fut un « flop » retentissant.

Peut-être l'archevêque de Montréal doute-t-il que les écoles privées catholiques soient « réellement catholiques ». C'est effectivement à voir. Mais si elles ne le sont pas ou ne le sont plus, il faudrait avant tout se demander pourquoi. La réponse ne devrait pas être bien difficile à trouver.