Dernièrement, sur ma page Facebook, j'ai mentionné que je refusais totalement et obstinément de mettre les pieds dans un quelconque centre d'achats ou dans une grande surface de toute la période des fêtes. Que de réactions! La plus drôle de ces réactions ou, si vous préférez, la plus pathétique et triste à la fois, fut celle-ci: «Comment fais-tu?» J'ai eu envie de répondre ceci sans me censurer.

D'abord, à cette personne, je lui dis que je l'aime et que je ne la juge pas. Je choisis de m'abandonner bien plus que de lâcher prise. Le moi, l'ego qui me pousse trop souvent loin de ce que je suis en réalité, qui me fait fuir le moment présent, je l'emballe dans une boîte-cadeau et je me l'expédie dans le néant.

J'opte pour la simplicité dans le don. Offrir du temps. Imaginer quelque chose de mieux qu'une console ou un iPod. Écouter des dessins animés tout un après-midi et faire une orgie de bonbons avec mes filles. Faire des dessins. Prendre mes enfants dans mes bras pendant une heure sans bouger, sans penser, être juste là, à ce moment-là. Faire des bonshommes de neige. Donner du temps à mon frère qui a le cancer. Croire encore et toujours que la mère de mes filles est une femme merveilleuse, peut-être encore plus sans moi. Ne rien attendre de ce Noël, qui est devenu une fête foutue, une foutue farce, servant à faire rouler l'économie, servant seulement à ce que l'arbre de Noël s'empiffre comme dans un buffet chinois. Ne pas me sentir coupable de ne pas jouer au mouton stressé, de ne pas être un papa compulsif, un homme au bord de la crise de nerfs, la carte de crédit à la limite du gouffre financier, une poule pas de tête courant dans un endroit qui est tout, sauf vrai. Le vrai Noël, je le vis depuis la naissance de mes filles. Je le vis dans l'instant à travers elles et dans leur immense beauté quand je m'y noie.

Aimer... chanter... dormir... rire... porter attention au présent. Profiter de la sagesse de mes parents qui vieillissent. Écrire des histoires. Penser au théâtre. Jaser d'avant tout ça avec ma vieille voisine de 77 ans.

Et revenir le 7 janvier pour poursuivre, avec mes élèves sur les chemins des rêves, l'aventure de la création à travers le théâtre et la musique, tout simplement.