À la fin des années 90, j'étudiais en psychologie à l'Université de Montréal et je me souviens très bien qu'on m'ait parlé de l'étude sur les Noirs auquel a fait référence le Doc Mailloux. Devons-nous en sanctionner l'auteur, le professeur? À quel point la faute est-elle rattachée à l'étude ou sur le fait de l'avoir exposée à la télévision? Dans ce deuxième cas, pourquoi l'animateur ou encore le diffuseur n'ont-ils pas également été sanctionnés? Cinq ans de radiation pour ça? Et quelques mois pour des médecins jugés coupables d'inconduites sexuelles répétées? Le Collège des médecins, dans ce dossier, démontre un grand manque d'intégrité.

Mon conjoint est un des patients du Dr Mailloux. Les trois dernières années n'ont pas été faciles. La psychiatrie est le parent pauvre de la médecine. Déjà que notre système de santé est inadéquat. Imaginez le résultat. Pire que pire.

Il a d'abord fallu se battre pour  avoir un diagnostic. En ce qui concerne le suivi, essentiel à toute réhabilitation, après plusieurs appels autant au privé qu'au public (après deux ans, nous sommes toujours sur une liste d'attente), nous étions toujours sans ressource. « Allez à l'urgence » qu'on nous a répondu. Une première perte d'emploi et plusieurs mois sans travail (ça brise des vies cette négligence), un seul a daigné répondre à notre appel de détresse : « l'ignoble Docteur Mailloux ». Plusieurs en ont contre le personnage. Moi, j'ai un très grand respect pour l'homme. Sans vouloir élaborer sur les détails de notre relation thérapeutique, c'est avec grand professionnalisme et empathie qu'il nous a accueillis. Je vous mets au défi de trouver un médecin qui se dévoue autant pour ses patients!

Sa dernière radiation a coïncidé avec un épisode où mon conjoint nécessitait de nouveau des soins. Deuxième perte d'emploi, dépression... Nous avons appelé le Collège des médecins.

-       Pouvez-vous nous aider, mon conjoint se faisait suivre par le docteur Mailloux (que vous avez radié) et il ne va pas bien... Il doit voir un psychiatre.

-       Nous ne pouvons que vous référer à votre CLSC.

-       Nous sommes déjà référés au CLSC pour un médecin de famille... mais ce n'est pas ce dont nous avons besoin...

-       Malheureusement, on ne peut rien d'autre pour vous.

Cinq semaines plus tard, nous avons eu accès effectivement à un médecin de famille. La maladie mentale étant une spécialité de la médecine, le pauvre se sentait bien incompétent de le conseiller et d'ajuster sa médication. Quant à la possibilité de voir un psychiatre, cela n'était même pas envisageable. « Vous savez, ça prend des années », nous a-t-il répondu.

C'est donc avec joie et soulagement que nous avons appris la nouvelle du sursis de sa sanction. Nous avons rendez-vous samedi prochain. Eh oui, le docteur reçoit aussi le samedi...

Le Collège des médecins devrait revenir à sa mission première, soit « une médecine de qualité au service du public ». Et ça, c'est peut-être en commençant par s'assurer que par leur décision, personne ne devienne orphelin!