Je me souviens des contes de mon enfance. Parmi ceux-ci, ils y avaient l'histoire des Romains, de Romulus et Rémus, etc. Et parmi cette histoire, cette anecdote qui m'avait marqué: les enfants non désirés jetés en pâture aux vautours. C'était l'époque des barbares.

Depuis, bien des génocides ont eu lieu, mais dans le dernier siècle, du moins, même si l'esclavage, la traite d'humains, les peuples massacrés par groupe ethnique se perpétuent, il existe une sorte de conscience médiatique universelle affirmant que ces événements sont objectivement mauvais. Ce n'est pas un phénomène normal que la guerre, il ne s'agit pas de rapport de forces éternels et meurtriers qui constitueraient la routine de la politique.

Pourtant, dans cet univers médiatique si civilisé, j'ai entendu dernièrement une parole qui est venue m'interpeller, comme si des fantômes de personnages antiques sanguinaires s'étaient matérialisés.

Un homme, Mark Warawa, veut que son pays condamne la pratique consistant à éliminer avant la naissance les foetus de sexe féminin, parce que ce sont des filles.

Ici, on s'attend aux applaudissements des médias... Mais ce n'est pas cela. Des groupes féministes et leurs pendants dans la population s'interposent. Cette condamnation est une technique pour revenir en arrière, pour abolir le droit à l'avortement, le nombre d'avortements sélectif est minime au pays, il suffirait d'éduquer et, avec le temps, les avortements sélectifs disparaîtront. Peut-être que tout cela est vrai...

Mais ce que je sais, aujourd'hui, c'est qu'il y a possiblement un foetus qui va se faire avorter parce que c'est une fille, et je me fous de tous vos arguments...

Quoi, que dites-vous? Que criez-vous? J'ai cru entendre une voix, des voix, une masse crier: «Ne comprenez-vous pas? Il vaut mieux qu'une seule personne meure pour sauver une multitude... d'avortements?»

Et tout à coup je me suis retrouvé devant cette histoire entendue dans mon enfance, d'un homme crucifié pour protéger un ordre établi, horrifié par la bêtise humaine que je venais de découvrir. Il vaut mieux qu'une petite fille meure pour sauver le sacro-saint droit de ce que vous voudrez. Je vis à l'époque des barbares, et je ne le savais pas...