Tout au long de sa campagne présidentielle le printemps dernier, François Hollande s'est positionné comme l'homme fort de la gauche, l'ardent défenseur des programmes de relance et l'ennemi farouche des plans de rigueur et d'austérité. Dans son discours de victoire à Tulle, il déclarait: «Les Français, en ce 6 mai, viennent de choisir le changement en me portant à la présidence de la République. Enfin, l'austérité ne peut plus être une fatalité, et c'est la mission qui désormais est la mienne».        

Or, un peu plus de six mois après son investiture comme président, Hollande, comme son prédécesseur Nicolas Sarkozy, a fait du redressement des finances publiques (et de l'austérité) sa plus grande priorité. Mais avait-il le choix?

La réponse est clairement non. L'économie française est loin d'être au beau fixe. La croissance est anémique à 0,1 % et, en 2013, elle se situera tout au plus à un niveau de 0,4 %, selon les dernières prévisions du FMI.

Du côté des finances publiques, la situation demeure précaire, le déficit représente cette année 4,5 % du PIB, et, même si les obligations françaises se transigent à des taux historiquement bas (2 % environ), la dette culminera à plus de 90 % du PIB d'ici la fin de cette année.

Quant au taux de chômage à près de 10 %, il bat littéralement des records: 4,58 millions de chômeurs.

Dans ce contexte, il n'est pas étonnant que les actions les plus significatives de François Hollande depuis son entrée à l'Élysée aient porté sur le plan de la rigueur budgétaire. D'une part, il tenait à respecter les engagements de son pays envers les partenaires européens, et d'autre part, il voulait rassurer les marchés financiers en attente d'un signal clair sur la caution de son gouvernement en cette matière.

La commande est énorme: ramener le déficit à 3 % du PIB dès 2013 et l'équilibre budgétaire en 2017. Un projet de 60 milliards sur cinq ans, dont 30 milliards d'euros pour 2013.

Ces actions, dictées par la réalité économique et celle des contraintes budgétaires, témoignent d'un nouveau positionnement de Hollande. Mais, il ne sera ni le premier président de la France ni le premier dirigeant politique à avoir effectué ce type de virage une fois confronté à la logique et aux exigences de la gouverne.

Le président sortant, Nicolas Sarkozy, a vécu pareil scénario. En 2007, il est porté au pouvoir sur la base d'un programme de droite avec la promesse de réduire l'interventionnisme de l'État dans le marché. Or, quelques mois plus tard, dans la foulée de la grave crise financière de 2008, il devient subitement le grand défenseur d'une plus stricte régulation des marchés, allant jusqu'à déclarer qu'il fallait «humaniser et moraliser le capitalisme».

En ce sens, Hollande s'assume pour le moment, et face à ses détracteurs, il continue à plaider le bilan: il veut être jugé sur «l'état de la France dans cinq ans». Un pari calculé et audacieux à la fois, surtout que cinq ans en politique, particulièrement en France, représentent une éternité, pour le meilleur et pour le pire!

Mais, tout compte fait, avait-il réellement le choix?