Tout le monde connaît le Chalet de la montagne. Devant ce vaste bâtiment des années 30 s'étend le belvédère Kondiaronk, où des dizaines de milliers de personnes se rendent chaque année pour admirer une des vues les plus spectaculaires de Montréal. Le chalet peut accueillir 900 personnes, il est décoré de 17 peintures (réalisées notamment par Hébert, Borduas, Fortin) et il constitue l'un des points marquants du parc du Mont-Royal.

Mais s'il vous prend l'idée d'y manger quelque chose, vous serez bien déçu: vous ne trouverez, pour vous sustenter, rien de mieux qu'une machine distributrice. Cela est d'autant plus dommage que la nourriture contribue fortement à l'animation et à l'identité de nos espaces publics.

Le Chalet de la montagne est l'un des sujets qui ont été abordés en avril dernier, au Centre canadien d'architecture, où plus de 300 personnes ont pris part à une discussion organisée par Avenue 8 et Spacing Montréal intitulée «Le goût de la ville». Le copropriétaire et chef du restaurant Toqué! , Normand Laprise, y a lancé un appel pour que le Chalet de la montagne accueille (enfin) un service de restauration qui donne à ce lieu son sens.

De toute évidence, il est difficile de pérenniser une activité au Chalet de la montagne, à l'écart du rythme intense de la ville et dans un environnement qui se transforme radicalement d'une saison à l'autre. Il faut donc penser à un concept novateur et adapté à la réalité de ce lieu.

L'approche la plus simple serait d'installer une cuisine et d'inviter, au fil de l'année, des projets gastronomiques éphémères. À la manière des «artistes en résidence», les créateurs, chefs et organismes locaux pourraient tenir des activités-bénéfices et tester des idées gastronomiques. Les aliments produits à Montréal y trouveraient une vitrine privilégiée. Les jeunes talents culinaires bénéficieraient d'un lieu pour se faire connaître.

Le Chalet de la montagne deviendrait en quelque sorte une infrastructure gastronomique au service de la communauté montréalaise, une vitrine pour les aliments «produits à Montréal» et le point focal des rassemblements et des inventions où continuerait de se redéfinir notre culture alimentaire. Et la nourriture créerait enfin l'occasion de se retrouver dans ce lieu un peu magique, aux confins du skyline et de la forêt.

Il s'agit, finalement, d'un projet potentiellement rassembleur qu'une administration municipale revigorée pourrait facilement mettre en branle. Avis aux intéressés.



Pierre Bergeron, Allan Gaudreault, Alahah Heffez, Oussama Khaddour, Laurent Lussier, Anita Ramacieri, Constance Ramacière, Joël Thibert et Juan Torres.