Le moins qu'on puisse dire, c'est que le premier budget du gouvernement Marois en aura surpris plus d'un, particulièrement dans le milieu des affaires et de l'économie.

Oublions rapidement les agences de cotation qui ont trop souvent, ces récentes semaines, démontré leur épiderme sensible et leur scepticisme quant à la capacité du gouvernement de respecter ses objectifs budgétaires. Ce budget responsable, avec ses hypothèses de croissance réalistes et les contraintes majeures imposées à la croissance des dépenses gouvernementales, nous conduira, comme prévu, à l'équilibre budgétaire en 2013-2014.

C'est surtout la facture de ce budget qui sera vue comme un vent de fraîcheur par rapport à la perception des dernières semaines. Cette facture est équilibrée entre d'une part, les préoccupations environnementales et le souci de redistribution, et d'autre part, la reconnaissance par le gouvernement du Parti québécois de la nécessité de créer de la richesse et, en conséquence, de soutenir le développement économique.

L'annonce d'un congé d'impôt pour les grands projets d'investissement privé, le C2I, est sans doute l'expression la plus intéressante de cette direction salutaire et plus clairement exprimée. Ce soutien pour les projets comportant des investissements d'au moins 300 millions de dollars vise le secteur manufacturier, incluant la transformation des ressources minières et le bois. Avec le C2I, les entreprises bénéficieront d'un congé d'impôt sur le revenu des sociétés et d'un congé de cotisations au Fonds des services de santé. Cette mesure pourra avantageusement compléter les différents fonds d'intervention mis sur pied par le précédent gouvernement dans le cadre du Plan Nord notamment, inciter à la transformation poussée des matières premières au Québec et conduire à la création d'emplois de haut niveau.

La Banque de développement économique du Québec est, elle aussi, une excellente idée. Elle est susceptible de contribuer au développement économique du Québec en constituant un guichet unique qui permettra d'optimiser le soutien offert par le gouvernement. Elle sera dotée d'une enveloppe d'au moins 500 millions de dollars annuellement. Ce ne sera donc pas une coquille vide comme on a pu souvent l'entendre depuis que cette idée du Parti québécois a émergé.

Il reste certaines zones grises sur le plan économique après la publication de ce budget, notamment sur le sort qu'on réservera aux redevances minières dans un contexte de marché défavorable, enjeu qui sera heureusement discuté avec l'industrie avant que le gouvernement en dispose; sur la direction qu'on empruntera quant à la mise en valeur des ressources pétrolières et gazières au Québec; sur la voie qu'on privilégiera pour stimuler et diversifier nos exportations afin de corriger notre important déficit commercial.

Toutefois, on ne pourra plus reprocher au gouvernement du Parti québécois d'être peu préoccupé par le développement économique ou insensible aux investissements privés. Ce budget est pro-développement économique. Ce budget est approprié, pragmatique et équilibré.